Wépion: pour la Saint-Valentin, Léonard le génie doit trouver l’amour à défaut de l’inventer
Dans leur 53e tome de BD, l’alter ego(ïste) de Léonard de Vinci et son disciple en ont marre d’être de vieux garçons. Cupidon sera-t-il plus génial que le génie?
Publié le 14-02-2022 à 07h00
Dieu créa la Femme et Léonard tout le reste. L’amour reste pour lui un obscur objet du désir mais le poids des ans et la pression de la Saint-Valentin se faisant sentir, le héros folklorique imaginé par le Wépionnais Turk et De Groot (qui a aujourd’hui passé le flambeau à cette machine à gags et à histoires qu’est Zidrou) a décidé de passer à l’action. Non sans élaborer quelques inventions qui pourraient l’aider dans leur quête de cœur, à lui, Basile le disciple ou même Mathurine Montorchon de la Serpillière, la femme à tout faire de cette garçonnière. La chance leur sourira-t-elle cette fois?

Dans ce 53e tome de la série, Un amour de génie, qui réussit l'exploit d'être toujours aussi frais et dynamique qu'aux débuts, l'éternel vieux barbu, à défaut d'être bourreau des cœurs, en est volontiers un pour son disciple. Léonard préfère, aux flèches inoffensives de Cupidon, un bon coup de tromblon ou de masse pour réveiller les ardeurs de son commis. Qui, heureusement pour lui, compte plus de mille vies de souffre-douleur. Blam, blam et reblam, ça explose de tous les côtés.

Voyage dans le temps
Et l’amour que diable? Dans l’histoire courte qui ouvre ce nouvel opus, le génie a inventé une machine à voyager dans le temps (pas une Delorean, plutôt une sorte d’hélicoptère) pour retrouver la dulcinée de sa jeunesse, quand il était encore imberbe et naïf. Elle s’appelait Giovanna et était fille d’un boulanger qui n’entendait pas les voir se rouler dans sa farine. Fin d’une histoire qui, plus de cinquante ans plus tard, pourrait reprendre tout feu tout flamme?
Pas sûr, et ce n’est pas pour autant que le divin(ci) créateur va se remettre en question. Il n’a pas fini de chercher. Ce qui est une bonne nouvelle pour les zygomatiques du lecteur, jusqu’à cet inopiné retournement de situation: c’est bien la ménagère Mathurine qui a le plus de chance de voir ses sentiments être dérobés… par un cambrioleur raté. Le cœur a ses raisons… Et Léonard continue d’inventer à la déraison.

Speed dating, carte bancaire, rocking-chair, aspirateur de feuilles mortes (qui ne se ramassent plus à la pelle, au contraire du disciple) et autre barbier robotisé sont au menu de ce recueil qui ne trouve pas l’âme sœur de Léonard mais le fait s’éprendre un peu plus de son reflet.

Réaffirmant Léonard comme un héros de BD à plein-temps, et se servant au mieux des codes comiques de celle-ci et des inénarrables seconds rôles qu’elle permet, Zidrou et Turk sont truculents. Le coup de foudre entre le lecteur et cette joyeuse bande dure encore et en cœur.

Léonard, t.53, «Un amour de génie», 48p., 10,95€