Le chantier naval en faillite à Seilles : une vague de licenciements à l’horizon
Les banques refusent de suivre Meuse et Sambre. Le seul constructeur de bateaux du pays ne manque pourtant pas de contrats. 70 emplois sont menacés.
Publié le 28-01-2022 à 12h52
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C'est une entreprise unique en Belgique qui vit les heures les plus sombres de son histoire. Le chantier naval Meuse et Sambre, fondé en 1906, a été déclaré en faillite ce vendredi matin par le tribunal de commerce de Namur. La société, dont le siège a déménagé de Beez à Seilles en 2020, était en procédure de réorganisation judiciaire depuis un mois. "On espérait une prolongation d'un mois, avec toujours l'espoir d'une reprise, explique Catherine Margraff, permanente syndicale CSC Metea. Une offre était sur la table mais le tribunal estime qu'elle ne tient pas la route." Le sort des 70 travailleurs est désormais entre les mains d'un curateur désigné. "S'il y a une reprise, on ne pourra pas certainement pas garder tout le monde", regrette la syndicaliste qui souligne le savoir-faire de "ces amoureux des bateaux. Dans des conditions parfois rudes. C'est un métier particulier qui exige des compétences de plus en plus rares."
Et d'ajouter que si le dernier constructeur et réparateur de bateaux du pays cesse de prester, c'est tout le secteur fluvial et maritime qui va se mettre à tanguer. "Que vont faire les bateliers? s'interroge Catherine Margraff. C'est comme si l'on fermait les garages alors qu'il y a plein de voitures sur les routes." La CSC indique vouloir mettre tout en œuvre pour valoriser les compétences des travailleurs dont la rémunération sera gelée dès février. Soit d'ici une poignée de jours. "On a besoin d'un investisseur, explique la permanente. Mais on a aussi besoin d'un vrai manager. M. Lallemand est un gentil monsieur qui est aussi un amoureux des bateaux mais ce n'est pas un manager."
Des contrats mais pas de garantie bancaire
Éric Lallemand ne serait donc pas la figure de proue dont le chantier naval a besoin pour affronter les vagues du monde de l'entreprise. Ce dernier explique pourtant que Meuse et Sambre ne s'est jamais aussi bien porté depuis 2017. "On a un carnet de commandes qui n'a jamais été aussi bien fourni. Nous avons un contrat pour la construction de deux bateaux passagers à destination de la région d'Auvergne-Rhônes-Alpes pour plus de 6 millions€. À cela s'ajoute la construction de 14 barges pour une société anglaise. Cinq ont déjà été livrées."
De belles perspectives contrecarrées par le manque de liquidité. "Pour le projet de Montélimar, on aurait besoin d'une garantie bancaire de 540 000€. Mais les banques refusent de nous soutenir, indique le directeur général. L'activité est pourtant profitable."
Éric Lallemand garde cependant espoir et laisse entrevoir l'arrivée d'un investisseur providentiel. "Il y a l'une ou l'autre piste", assure-t-il. Désireux de montrer que le bateau n'a pas encore définitivement sombré, il a d'ailleurs demandé à ses hommes d'être au poste ce lundi dans chacun des quatre sites que compte l'entreprise, à Seilles, à Beez, à Liège et à Charleroi.