Belvédère à Namur: après l’éviction d’une figure emblématique, c’est électrique en backstage
Le Belvédère, le quartier général du rock à Namur, vit des heures tendues. Un des piliers a été exclu. Et c’est désormais au tour du "renégat" de balancer…
Publié le 28-01-2022 à 07h00
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Un bon concert, cela dégage toujours un peu d’électricité. Malheureusement, au Belvédère, la tension a quitté la scène pour gagner l’équipe qui gère la salle rock namuroise.
Au centre des attentions et des critiques, on retrouve Michel Degueldre (lire par ailleurs). Ce passionné de musique est surtout connu pour avoir repris les commandes du festival Verdur Rock en 2018. Mais il est aussi impliqué depuis quelques années au sein de Panama, l'ASBL qui gère le Belvédère. "Et c'est vrai que, vu les bons contacts que j'ai toujours eus avec les médias, j'ai souvent été le visage du Belvédère. C'est peut-être aussi ça que certains me reprochent", glisse le Jambois.
Les relations entre l’organisateur et le reste de l’équipe ont progressivement viré à l’aigre ces deux dernières années. Michel Degueldre a été exclu du conseil d’administration avant d’être également éjecté de l’assemblée générale.

"Et ça, je le conteste. En référé (au tribunal de l'entreprise), la justice vient d'ailleurs de me donner raison en suspendant, ce mardi, cette décision", souligne le programmateur.
Des conflits d’intérêts
Michel Degueldre a un projet: revenir à la table du Belvédère pour… dire tout le mal qu'il pense du mode de fonctionnement actuel. "On n'est plus du tout dans un cadre de bonne gouvernance. Quand on fait appel à des prestataires pour le son ou la lumière, quand on booke un DJ, c'est toujours des petits arrangements avec des amis. Même chose quand on commande du matériel. Comment, en effet, expliquer qu'on reçoive trois remises de prix qui émanent soi-disant de firmes différentes et qui sont des copiés collés avec les mêmes fautes d'orthographe au même endroit?", s'étonne Michel Degueldre. "À l'assemblée générale, j'ai posé des questions sur des problèmes de caisses noires, mais aussi sur les différents conflits d'intérêts. Et n'ai pas obtenu de réponses. Je suis donc devenu gênant et c'est pour cela qu'on m'a éjecté de l'assemblée générale."
Tenace, l'organisateur ne compte pas en rester là. "Je veux simplement récupérer mon droit à la parole. Je veux que l'on me donne des réponses à toutes ces questions. À l'assemblée, j'ai d'ailleurs une série de documents à présenter. Et, alors, les différents membres pourront se faire une idée de ce qui se passe réellement et ils verront que je ne suis pas simplement un emmerdeur."
Michel Degueldre rappelle que le Belvédère tourne aussi grâce aux subsides et à l'argent public. "On est une ASBL et on ne doit pas obligatoirement passer par des marchés publics. Mais à mes yeux, il y a quand même une certaine déontologie à respecter", conclut Michel Degueldre, survolté et poussé dans le dos par la récente décision de justice.
Perte totale de confiance
" Il y a une perte totale de confiance envers Michel Degueldre depuis deux ans", situe Bernard Fortz pour le conseil d'administration de Panama, l'ASBL qui gère le Belvédère. "Il n'a d'ailleurs pas été renouvelé au sein du conseil d'administration par l'assemblée générale en juin 2020."
Sur les causes de cette rupture, l'administrateur veut rester prudent. "On n'a pas accepté la manière dont il a géré le projet européen (de collaboration avec des groupes ukrainiens et d'autres salles de concerts). Il a cherché à capter tous les subsides pour se rétribuer. Ce n'est pas ce qui était prévu. Et, vu que toutes les justifications n'ont pas été vraiment fournies, on pourrait même perdre une partie des subsides. Or, cet argent ferait aussi du bien à la trésorerie de l'ASBL durant cette période compliquée."
Bernard Fortz et ses collègues du CA estiment aussi que Michel Degueldre a un peu mélangé les casquettes entre Verdur Rock et Belvédère, et cette confusion pourrait s'avérer préjudiciable à cette dernière ASBL. "Certains bookers qui sont en litige financier avec le Verdur font l'amalgame et ne veulent plus non plus travailler avec nous. Cela a donc aussi un impact négatif sur le Belvédère."
L’équipe estime que Michel Degueldre, déçu d’avoir été éjecté de Panama, ne cherche plus qu’une chose: salir la réputation des membres de l’ASBL. On a déjà entendu des mélodies plus harmonieuses dans la chouette salle de concert de la citadelle.