(Namur) Le Peanuts change de main : 30 ans qui n’ont pas compté pour des cacahuètes
Après 30 ans à la tête du resto-bar Le Peanuts, Constant, le gérant, est parti sur la pointe des pieds pour laisser place à la jeune génération.
Publié le 27-01-2022 à 20h04
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C'était en 1991. Constant Hyfantopoulos, alors âgé de 33 ans, apprend qu'un bar est à remettre dans le centre de Namur, rue de l'Ouvrage. À ce moment-là, il gérait déjà Le What, un établissement situé à Tamines, et connaissait bien ce bar namurois baptisé Le Paradis Latin. "J'y allais régulièrement comme client", se souvient-il. Puis, le lieu est tombé en désuétude et avait peine à trouver preneur. Séduit par le potentiel qui s'en dégageait, Constant a alors racheté le fonds de commerce et entrepris des travaux. "Quand j'ai repris, c'était tellement à l'abandon que personne n'en voulait. J'ai dû enlever quatre ou cinq containers de crasses, relate-t-il. Mais je savais que c'était un bel endroit. Et puis, il y avait de la demande à Namur."
Inspiré des sacs de cacahuètes
Le bar est rapidement devenu le quartier général des étudiants. "Ils venaient toujours chez moi avant d'aller en soirée", indique Constant. Créée petit à petit, la décoration de style colonial, à la fois exotique et ethnique, issue des cultures du monde, a donné son identité à ce lieu renommé Le Peanuts. "À l'époque, on mettait à disposition des grands sacs de cacahuètes entières pour les clients. Ils en prenaient par poignées, les cassaient pour manger l'intérieur et jetaient le reste par terre", se remémore-t-il. Voilà donc ce qui lui a inspiré le nom. Pendant un an, il a géré ses deux établissements en parallèle puis a remis celui de Tamines.
C'est au moment où l'usage du GSM s'est répandu comme une traînée de poudre qu'il situe les débuts de la restauration au Peanuts. "À la fin des années 90, les étudiants ne passaient plus naturellement au Peanuts avant de sortir. Avec leur GSM, ils s'appelaient pour se retrouver directement à leur kot ou en discothèque". Il fallait donc quelque chose en plus, de nouveau. "Je proposais déjà une petite restauration le midi mais j'ai décidé d'élargir au soir et d'engager un chef". Au menu, on retrouve une cuisine de brasserie, simple mais copieuse et goûteuse, qui va des viandes aux plats de pâtes, en passant par des salades composées. Depuis, la déco a un peu changé, adoptant un style moderne, chaleureux, décontracté et à l'ambiance tamisée.
«Il fallait du sang neuf»
Constant Hyfantopoulos ne s’est pas réveillé un matin en se disant qu’il ne voulait plus faire ce métier, loin de là, puisque la cuisine reste sa passion. Il adore recevoir et concocter de bons petits plats. Mais ce sont plusieurs petites choses qui lui ont insufflé tout doucement l’envie d’un vent nouveau.
La fin de l'année 2021 arrivant, Constant a senti que c'était le bon timing pour voguer vers d'autres horizons, convaincu que le Peanuts serait entre de bonnes mains. Il le fait sans regret. "J'y ai passé la moitié de ma vie, c'était bon comme ça. Il fallait du sang neuf et des jeunes qui ont l'envie de se battre et de s'impliquer avec enthousiasme, estime-t-il. Ça reste dans la famille puisque ce sont deux neveux par alliance qui l'ont repris. Ce sont des garçons formidables, je sais qu'ils vont gérer ça d'une main de maître! Je suis content que le Peanuts puisse ainsi perdurer." Il espère que la clientèle qui l'a tant porté durant toutes ces années restera fidèle. "La cuisine ne change pas, rassure-t-il. Même si ce ne sera plus moi qui accueillerai les clients, ça vaut la peine d'y aller!"
Souvenirs d’instants uniques
De clients fidèles, Constant n'en manquait pas. Certains sont même devenus des amis. Généreux, attentionné et souriant, il aimait toujours entamer la discussion, conseiller les clients qui hésitaient entre deux spécialités (la taillade de bœuf à l'italienne ou les pennes scampis tartufatta en sont!) ou partager un verre avec eux à la fin du repas. "Je retiens toutes ces rencontres. Chaque moment avec mes clients était un bon moment, confie-t-il. J'ai envie de citer mille personnes. Je dois avouer que beaucoup me manquent, elles se reconnaîtront. J'ai envie de les remercier, tant elles que mes employés, qui m'ont été fidèles toutes ces années." Constant a aussi accueilli de nombreux artistes en devenir pour des concerts intimistes. "J'ai en tête Swimming Poules, trois talentueux musiciens namurois, et le dernier, Ziza Youssouf, qui était fabuleux!"
Empreint de ces souvenirs indélébiles, il estime aujourd'hui qu'après 30 belles années, le temps est venu pour lui de tourner la page et de profiter d'autres instants précieux. Dès que le Covid le permettra, il envisage de voyager pour rejoindre des amis qui se sont installés en Espagne, au Pays basque, à Bordeaux ou encore des membres de sa famille, qui vivent en Grèce, son pays d'origine. "Ils m'attendent, je les rejoindrai dès que possible", sourit-il, songeant à cette nouvelle vie qui s'offre à lui.
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