Vols à Namur: l’inquiétude de commerçants de la rue de Fer
À Namur, des commerçants de la rue de Fer témoignent d’une recrudescence des vols à l’étalage. Ce qui les interpelle, c’est le profil des voleurs, la fréquence et les quantités dérobées.
Publié le 24-01-2022 à 18h07
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Pour le personnel de Jules, magasin spécialisé dans le prêt-à-porter masculin, c'est un rituel de fin de journée: un vol à l'étalage. Tous les jours, entre chien et loup, les vendeurs sont les témoins privilégiés d'un larcin. "Nous sommes devenus des agents de sécurité" témoigne Nadia, gérante.
Parfois à plusieurs, souvent seuls, toujours masqués, avec ou sans diversion, les malfaiteurs poursuivent le même objectif, voler un maximum de vêtements. Mais les visages changent. "Ce ne sont jamais les mêmes, mais ils ont tous des têtes marquées, c'est leur point commun. Ce sont principalement des toxicomanes. Ils volent des piles de vêtements et des barres entières de cintres avec des vestes pour les revendre à un marchand" ajoute Aurore, vendeuse. Ce qui interpelle le personnel, ce sont les profils des voleurs. "Il ne s'agit pas de petites frappes qui volent un pull en cachette, mais plutôt des personnes qui n'ont plus rien à perdre" précise Aurore.
L'équipe de Jules tente diverses stratégies pour désamorcer ces voleurs. Un vendeur est en permanence au-devant du magasin, quitte à délaisser le conseil client dans les cabines situées à l'arrière. "Nous n'avons plus qu'une porte ouverte sur les trois pour filtrer l'entrée et surtout la sortie. C'est un non-sens sur le plan commercial" ajoute la gérante.
Porter plainte?
Ces vols sont le quotidien d'une majorité de magasins de prêt-à-porter de la rue de Fer. Chacun tente, comme il peut, d'enrayer le phénomène. Chez Jack&Jones, les vendeurs Marcel et Rachida portent plainte à chaque vol commis. Surtout pour des questions d'assurances. "On a encore des plaintes en attente à aller porter au commissariat. Mais cela nous prend à chaque fois une heure et demie. Et pendant que l'un est au commissariat, il n'y a plus qu'un vendeur au magasin, c'est la porte ouverte pour un nouveau vol" raconte Marcel. En général, les vendeurs ne poursuivent pas les voleurs. " Quand on le fait, ils rendent les affaires directement, comme si de rien n'était, détaille Marcel, mais on risque toujours un mauvais coup. Comme cette fois où un complice a tenté de me faire un croche-pied quand je démarrais."
Arme blanche
Au fur et à mesure, les contacts entre les vendeurs et les voleurs s'enveniment. Et les altercations deviennent plus violentes. Ce fut le cas pour Pierre, gérant d'une tierce enseigne de la rue de Fer. Le malfrat a vu rouge et sorti une arme blanche quand le gérant a mis la main sur une pile de pulls en passe d'être volée. "Nos supérieurs nous disent de laisser filer, mais c'est de la marchandise qui part, des primes de vente qu'on n'aura pas et si le magasin ne tourne pas, ce seront nos emplois qui partiront." Pierre a l'impression que les vols sont encore plus fréquents cet hiver. Notamment suite à l'arrêt d'un système mutuel de gardiennage entre boutiques.
Une solidarité qui a pris fin avec le Covid, par manque de cotisants et de réelle efficacité. Certains magasins, comme JD Sports dans le bas de la rue de Fer, préfèrent monter un dossier. Les vendeurs sont invités à effectuer des rapports pour chaque vol. "On se fait tout le temps voler. Ils viennent à plusieurs, l'un nous distrait et l'autre embarque un paquet de vestes, raconte une vendeuse, nos supérieurs nous ont demandé de faire un rapport pour chaque vol, pour ensuite amener un dossier complet à la police." Partout, les vendeurs remarquent un phénomène namurois. "À la rue Neuve à Bruxelles et dans les plus grandes villes, il y a des patrouilles de policiers, explique Aurore, tandis que dans d'autres villes comme Namur, les magasins sont dans des galeries commerçantes, plus sécurisées." Comme si Namur était trop petite, et pas assez grande.