Lhoist à Marche-les-Dames: du vert dans la pierre (vidéo)
Plantation de centaines de mètres de haies, aménagements de pierriers et de petites mares naturelles pour la biodiversité… Chez les carriers de Lhoist, à Marche-les-Dames ou Rochefort, on soigne l’environnement… et son image.
Publié le 19-01-2022 à 19h23
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Ce jour-là, la brume déborde littéralement de la carrière de Marche-les-Dames et envahit même la longue prairie qui la surplombe, côté nord. La météo n'empêche nullement les trois jardiniers présents de terminer la plantation d'une interminable haie. "C'est même la météo idéale. Il ne gèle pas et l'humidité du sol assure un pralinage naturel. Cela permet aux racines de bien reprendre", commente Antoine Carton, pour l'entreprise locale Grégoire.
En tout, 700 mètres de haies seront plantés en deux jours sur des prairies et propriétés de la société Lhoist, les carriers qui exploitent notamment les "dolomies" de Marche-les-Dames.
"Nous nous inscrivons ici dans l'opération Yes we plant initiée par la Région wallonne", situe Laurence Indri, pour le groupe Lhoist.
"On est situé sur des prairies pour lesquelles on réalise déjà un fauchage tardif qui est bon pour la biodiversité", poursuit Christian Jodard, le technicien en environnement.
"Pour les haies, on choisit des espèces différentes comme le noisetier, le sorbier, le cornouiller… Ces essences produisent aussi des petits fruits, des baies qui donnent de la nourriture aux oiseaux. Il y a aussi de l'aubépine qui, avec ses épines, permet aux petits volatiles de se mettre à l'abri des prédateurs", complètent les jardiniers en pleine action.
L'opération ne coûtera pas des fortunes au géant carrier, d'autant plus que 80% de la facture seront pris en charge par la Région wallonne. "Mais c'est une opportunité de poser un geste en plus pour l'environnement et on la saisit", insiste Laurence Indri. Le groupe l'assure: beaucoup d'autres opérations "vertes", plus structurelles et ambitieuses, sont déjà en cours. "On a pris part au programme européen Life in Quarries", continue Christian Jodard.
"Il y a d'abord eu une étude sur les mesures à prendre pour améliorer la biodiversité sur les sites exploités. Ce pierrier est un exemple concret." Sur 700 mètres, un long tas de pierres s'étire sur la prairie qui recouvre le sommet du terril n°4 de la carrière.
"C'est exposé plein sud. Et cet environnement est idéal pour certains types de lézards mais aussi des orvets", détaille le technicien. La flore elle-même est assez particulière. "On est sur un sol très pauvre, extrêmement calcaire et très exposé au soleil. Et cela amène donc des variétés d'herbes et de plantes très particulières", continue Christian Jodard.
"Aujourd'hui, dans l'exploitation de la carrière, on tient compte de cette biodiversité recréée", assure Laurence Indri. "A Marche-les-Dames, les hirondelles reviennent au beau temps nicher dans les parois des pans creusés dans la roche. Avant leur retour, on veille à rafraîchir ces zones, à les garder bien raides et verticales pour éviter que des prédateurs, comme les renards, ne puissent grimper pour les attaquer."
Du greenwashing?
Le tableau est joli mais n'est-il justement pas trop beau, à l'heure où les carriers et les autres géants de l'industrie n'hésitent pas à verser dans le greenwashing? " C'est clair que ces actions permettent aussi de soigner notre image", reconnaît-on chez Lhoist. "Mais on est loin de communiquer sur tout ce que l'on fait pour l'environnement mais aussi, au niveau social notamment, pour les communautés locales."
Ainsi, les carriers ont signé une charte qui les engage, pour les quinze prochaines années, à développer une plus grande biodiversité sur leurs sites. "Et là, c'est nous qui finançons totalement l'opération", souligne Laurence Indri. "Mais ces actions ont aussi beaucoup de sens pour notre personnel. Ils s'y impliquent de plus en plus et cela renvoie aussi une autre image du métier. Prochainement, on va installer trois ou quatre ruches sur le terril 4. Ce sera géré par des apiculteurs professionnels dans un premier temps mais le but est aussi de former nos collaborateurs et de les voir ensuite reprendre la conduite de ces ruches. Cela conscientise et cela crée aussi du lien." Entre les hommes mais aussi entre ceux-ci et la Terre.
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L'activité humaine amène souvent une dégradation de la biodiversité. Mais même dans le secteur des carrières, on trouve des contre-exemples. "Cela crée des sites très spécifiques. On crée ainsi des falaises, peu communes dans nos régions. Et cela peut ramener des rapaces, comme les grands-ducs. Ils sont observés dans des carrières voisines", avance Christian Jodard, technicien en environnement pour Lhoist.
"Les fonds de carrière, avec cette humidité et ces petits graviers, constituent aussi un environnement idéal pour certains oiseaux. Ici, on observe ainsi des petits gravelots, une espèce devenue assez rare."