Les deux frères travaillent le bois avec une inoxydable volonté de bien faire
Les frères Jadoul sont menuisiers, spécialisés dans la restauration de patrimoine ancien et classé. La petite entreprise basée à Ciney grandit et déménagera, à terme, sur le zoning Écolys.
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Publié le 17-01-2022 à 06h00
Tout le monde n'est pas fait du même bois. L'expression colle parfaitement à Fabian et Baudouin Jadoul. Il y a dix ans, les deux frères se sont associés et ont monté leur propre menuiserie/ébénisterie, ATJF. Ils se sont spécialisés dans la restauration de patrimoine immobilier ancien et classé. "Cela correspond à notre philosophie", glisse Baudouin, 32 ans, le cadet de la fratrie. Une manière de concevoir le métier tel qu'il était à l'origine loin des contraintes dictées par le modèle industriel et productiviste. Leur savoir-faire a été récompensé lorsqu'ils ont décroché le label d'artisan certifié… "Au départ, on s'est retrouvés dans un milieu de personnes plus âgées aux yeux desquelles, nous n'étions pas crédibles", dit Baudouin. Et Fabian, l'aîné de renchérir: "On a dû montrer ce dont on était capable parce qu'il n'y a pas de formation pour ça." Leur savoir-faire conjugué avec une volonté de fer leur a permis d'ouvrir quelques prestigieuses portes, avec le soutien de l'Awap (Agence wallonne du patrimoine) et son équivalent bruxellois, la Direction du patrimoine culturel. "On copie ce qui était existant. Avec une convention pour chaque style. C'est du jusqu'au-boutisme", lâche Fabian, l'aîné.
Aujourd’hui, la menuiserie qui fait travailler six personnes s’est constituée une petite clientèle parmi laquelle figurent des communes, des fonds d’investissement et des privés. Ils sont sollicités pour des façades, des châssis, des toits, des escaliers ou des portes.
"Il y a des architectes et des entreprises avec qui on ne veut pas travailler", osent les deux frangins qui mettent un point d'honneur à s'inscrire dans la filière du circuit-court, garanti sans dumping. "C'est notre combat. C'est peut-être un peu utopique", ajoute Fabian Jadoul, tout juste 40 ans.
Les deux jeunes menuisiers vont au bout de la démarche jusque dans le choix des matériaux. "Des espèces indigènes, en grande majorité du chêne. C'est le top et c'est issu de nos régions", dit l'aîné. Les frères Jadoul portent une attention particulière à la santé des forêts et sont donc soucieux de l'impact environnemental de leur activité. "Une forêt, ça s'entretient. C'est aussi notre combat.", martèle le plus âgé des deux frères. Des liens privilégiés se sont ainsi tissés au fil du temps avec la scierie Dubois de Florée qui assure l'approvisionnement.
Grandir sans perdre son âme
Il y a quelque temps, les activités se sont diversifiées à l’atelier. Les deux chefs d’entreprise ont ainsi créé leur propre forge afin de réaliser les pièces et les ornements métalliques qui agrémentent leurs réalisations. Toujours avec dans un but de plus d’authenticité.
Ils veulent cependant conserver une activité à taille humaine. "Comme un village", dit Fabian. Malgré tout la question de s'agrandir s'est rapidement posée dans le chef des frères Jadoul. "Jusqu'où aller?", glisse Baudouin. Un projet est sur les rails. Jusqu'ici locataire de deux boxes situés dans le zoning d'Achêne, la société ATJF a acheté une parcelle dans le zoning Écolys à Suarlée où elle envisage de faire durablement migrer ses activités. "C'est un projet risqué que l'on devrait concrétiser dans les 7 ans", explique le cadet. Le dossier est actuellement consultable à l'enquête publique, à la Ville de Namur. "C'est peut-être un peu paradoxal compte tenu de notre philosophie, mais on sera chez nous. On sera idéalement situé pour rejoindre Liège, Mons, Bruxelles, Namur, etc.", concluent les deux frères.