Cour d’assises de Namur: 25 ans de prison requis à l’encontre de Luc Nem
L’avocate générale, Virginie Kerkhofs, a requis vendredi matin une peine de 25 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Luc Nem, reconnu coupable jeudi à la cour d’assises de Namur du meurtre de sa compagne, Marielle Tournay, le 28 novembre 2019 à Assesse. Seule une longue peine lui donnera le temps de réfléchir sur ce qu’il a fait, selon elle.
Publié le 03-12-2021 à 10h23
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Pour l'avocate générale, la peine qui sera infligée à Luc Nem doit être un signal fort pour les auteurs de violences conjugales. Elle a d'abord rappelé les fonctions de la peine. "C'est une sanction, une punition, pour réprimer les comportements interdits. Elle exprime la désapprobation de la société par rapport aux actes commis. Elle a un rôle préventif et pédagogique en rappelant à tous la valeur fondamentale du droit à la vie et à l'intégrité physique."
La peine vise aussi à réparer le mal que Luc Nem a causé tant à la victime et à ses proches qu'à la société. "Évidemment, aucune peine ne rendra Marielle Tournay à ses proches mais elle doit leur donner, ainsi qu'à la société, le sentiment que justice a été rendue." L'objectif est de protéger la société des agissements de Luc Nem et de l'empêcher de nuire à nouveau.
«Ne vous laissez pas influencer par sa stratégie»
L'avocate générale pense que Luc Nem, à ce stade, ne prend absolument pas conscience de la gravité de ses actes. "Il a déjà été emprisonné trois fois et ce n'est pas la première fois qu'il fait son mea culpa, prévient-elle. Dans une lettre au juge, il avait écrit qu'il profitait de son incarcération pour faire une introspection poussée et un mea culpa sincère. On sait aujourd'hui la valeur des promesses et des engagements de Luc Nem!"
À peine sorti de prison, Luc Nem avait déjà violé des conditions de sa libération en allant notamment boire au café du coin. "La peine que vous prononcerez doit l'amener à cette prise de conscience, a adressé la magistrate aux jurés. Depuis qu'il est dans le box des accusés, il fait amende honorable et veut vous montrer son meilleur visage. C'est normal. Mais son revirement remonte seulement à ce lundi, quand son avocat nous a dit qu'il ne contestait plus l'intention homicide. C'est un revirement que je qualifie d'opportuniste. Ne vous laissez pas influencer par sa stratégie! Non, on ne peut pas faire confiance aux promesses et aux engagements de Luc Nem!"
Peu de circonstances atténuantes
"On n'est pas dans un monde de jeu vidéo où on peut tuer sans être puni. Dans la réalité, on n'a pas plusieurs vies", a poursuivi l'avocate générale. Théoriquement, Luc Nem encourt jusqu'à 30 ans de prison pour un meurtre. "S'il est condamné à moins de 30 ans, il peut demander une libération conditionnelle après un tiers de sa peine. S'il est condamné à 21 ans de prison par exemple, il pourra faire une demande de libération conditionnelle au tiers, soit 7 ans. Mais vu qu'il a déjà fait deux ans de détention préventive (depuis les faits), il pourra demander sa libération conditionnelle dans 5 ans", alerte-t-elle.
Le jury peut-il retenir des circonstances atténuantes pour diminuer la peine? "L'enfance de Luc Nem n'a pas été rose, entre un père décédé trop tôt et une mère alcoolique qui l'a laissé livré à lui-même, rappelle-t-elle. Mais personnellement, je ne retiendrais pas cette circonstance atténuante." Car, quand il était avec sa toute première compagne, Luc Nem avait tout pour être heureux, comme l'ont dit plusieurs témoins. Malgré tout, il a sombré. "À un moment, ce n'est pas son enfance qui l'a empêché d'avoir une belle vie. Marielle a elle aussi eu une enfance difficile", relève-t-elle. Pour l'avocate générale, l'alcoolisme de Luc Nem ne constitue pas non plus une circonstance atténuante.
Quant à la personnalité de Luc Nem, sa dangerosité potentielle ou le risque de récidive, le quadragénaire présente une personnalité borderline avec des traits de personnalité antisociale. Même si Luc Nem n’a pas été qualifié de psychopathe par les experts en psychiatrie, il n’en est pas moins une menace pour autant, selon l’avocate générale.
Prenant néanmoins en compte quelques éléments de son enfance difficile, l’avocate générale requiert donc 25 ans de réclusion. Si les jurés ne devaient pas la suivre, elle leur demande de ne pas descendre en dessous de 20 ans. Elle a aussi demandé aux jurés de penser à la fille de 16 ans de Marielle Tournay, qui n’aura plus jamais la chance de voir sa mère sortir de son alcoolisme et entretenir avec elle une relation mère fille sereine.