Luc Nem: "Il est bien probable que je tentais d’isoler Marielle"
Coups, insultes, menaces, manipulations, chantage, emprise, isolement de la victime… Comme évoqué au début du procès, tous les ingrédients de la violence conjugale sont rassemblés dans ce dossier. L’intéressé ne nie pas. Il s’est exprimé à ce sujet.
Publié le 02-12-2021 à 06h00
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La matinée de mercredi a vu défiler la famille et les proches de Marielle Tournay, victime de Luc Nem, accusé devant la cour d’assises de son meurtre, en novembre 2019 à Assesse.
Tous font la même déplorable constatation : Marielle, si joviale, généreuse, courageuse, souriante et boute-en-train, n’était plus que l’ombre d’elle-même durant sa relation avec Luc Nem et surtout, les derniers mois de sa vie.
Le couple s'était rencontré via Internet en août 2016. Les sœurs de Marielle, Sophie et Amélie, ont tout de suite eu une mauvaise impression dès qu'elles l'ont vu la première fois. "Il était fier, misogyne, il reprenait Marielle sur sa façon de parler, il se prenait de haut et la rabaissait sans cesse", se souvient la première. "Il était froid, distant et ne faisait que boire", décrit la deuxième. Luc Nem aurait fait le vide autour de Marielle dès 2017 comme s'accordent à le dire plusieurs témoins. "Elle était sous son influence, explique Nathalie, une amie. J'ai commencé à moins la voir car il lui faisait croire que je n'étais pas une bonne personne pour elle. Je l'ai secouée des dizaines de fois pour qu'elle le quitte. Elle m'entendait toujours sur le moment mais après, ça recommençait."
Myriam, une autre amie, a dû aller la rechercher un jour à l'hôpital où elle avait été admise à la suite de coups. "Quand elle avait un peu de force, elle essayait de tenir bon. Mais Luc Nem lui envoyait alors des messages, que j'ai vus et que j'ai lus, lui disant que si elle ne revenait pas, il se suiciderait et qu'elle aurait sa mort sur la conscience ou qu'il frapperait sa mère ou son chien."
Interrogé directement sur ce chantage par le président de la cour, Luc Nem n'a pas nié. "Je confirme. J'essayais d'éloigner Marielle de Myriam.Quant aux menaces par sms, il est fort possible que j'aie écrit ces mots mais je ne m'en rappelle plus précisément." Le président lui a également demandé pourquoi il voulait à ce point écarter Marielle de son entourage. "J'étais perdu, en colère, j'en voulais à tout le monde. Pour moi, tout le monde était potentiellement un ennemi. Je sais que j'avais un comportement inadéquat. Il est bien probable que je tentais de l'isoler."
L’alcool pour panser la solitude
Comme d'autres victimes de violences conjugales, Marielle éprouvait des difficultés à sortir de l'engrenage dans lequel elle avait sombré. Elle retournait constamment vers Luc par peur de ses menaces et de la solitude aussi. "Elle savait que c'était mauvais mais elle y retournait quand même parce qu'il y avait des sentiments, analyse son amie Myriam. Elle me disait que c'était bien d'avoir de la famille et des amis, mais elle avait aussi besoin de se sentir aimée par quelqu'un."
Marielle avait horreur de la solitude et c’est précisément pour cette raison qu’elle s’est mise à boire. Quand son premier époux (avec qui elle est restée de 1998 à 2012) s’absentait ou allait le dimanche matin avec leur fille à la piscine, elle restait seule à la maison (complexée par ses kilos en trop, d’après son ex-mari) et buvait pour oublier cette solitude. Ça a commencé par plusieurs bières chaque jour, puis elle est passée plus tard aux alcools forts.
D'après Dimitri, un ancien compagnon, l'alcool lui permettait aussi d'atténuer toute la souffrance qu'elle avait en elle. "Elle buvait pour noyer certaines blessures. C'était une écorchée vive."