Luc Nem ne se souvient de rien sauf d’un flash où il fait taire Marielle
Accusé du meurtre de Marielle Tournay à Assesse en 2019, Luc Nem s’est exprimé lundi matin à la cour d’assises de Namur. Il ne se souvient que d’avoir préparé le souper et puis, plus rien…
Publié le 30-11-2021 à 06h00
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/UTTJNGLDNBG65HSYBFZIZYHU7Q.jpg)
Le procès de Luc Nem, 40 ans, accusé du meurtre de sa compagne le 28 novembre 2019, a débuté ce lundi par la lecture de l’acte d’accusation par l’avocate générale suivie de l’interrogatoire de l’accusé. Un moment crucial pour comprendre tout le cheminement de cette funeste nuit et les raisons qui ont poussé le quadragénaire à commettre ce crime.
Luc Nem reconnaît les faits graves qui lui sont reprochés mais il ne se rappelle de quasiment rien. Son dernier souvenir? Le moment où il coupe du gingembre dans la cuisine pour préparer le souper, le soir du 27 novembre 2019. Ensuite, c’est un trou noir qui perdure jusqu’au lendemain matin. Luc Nem évoque toutefois un flash où il se trouve à califourchon sur Marielle et a ses mains sur sa bouche car elle crie tellement fort qu’il a peur que les voisins ne l’entendent et appellent la police.
Confronté à l'appel aux secours qu'il passe vers 4 heures du matin (et diffusé à l'audience de ce lundi) parce que Marielle est étendue inerte sur le sol, il s'est dit "choqué". "Je ne me reconnais pas. Je suis complètement incohérent dans ce que je dis", a-t-il reconnu face aux jurés. De fait, il dit que Marielle est toute froide et bleue, qu'il l'a tuée puis qu'il ne l'a plus tuée, qu'il tente de la réanimer… En pleurs, il est extrêmement confus.
«Tristesse et dégoût de moi-même»
Lors des faits, Luc Nem était sous traitement médicamenteux pour des problèmes d'anxiété, mais il avoue qu'il ne le suivait pas vraiment de manière rigoureuse. Ce qui est sûr, c'est que quelques heures avant le drame, lui et Marielle avaient commencé à boire énormément. Une consommation d'alcool qui n'a fait que s'amplifier au fur et à mesure des heures jusque tard dans la soirée. Luc Nem étant un adepte du "binge drinking", il a ingurgité rapidement et en grandes quantités de la bière forte et de la vodka. "Vous aviez 2,60 gr/l d'alcool dans le sang, a indiqué le président de la cour, Hugues Marchal. Quand les policiers arrivent, vous aviez toujours une bouteille de vodka à la main." D'après les analyses toxicologiques, Marielle avait une alcoolémie encore plus élevée.
À la question de savoir ce que lui inspire cette soirée, Luc Nem répond "beaucoup de tristesse et du dégoût de moi-même". Énumérant les terribles lésions qui ont été découvertes sur le corps de la victime, Hugues Marchal lui a demandé "dans quel état est-on lorsqu'on porte de tels coups?" Et Luc Nem de répondre: "On est fou, c'est pas possible". L'accusé n'était toutefois pas atteint de démence ou d'un trouble mental le rendant irresponsable du contrôle de ses actes, comme l'a rappelé le président, se basant sur le rapport d'un psychiatre. "L'alcool a participé à ces faits mais personne ne m'a mis un baxter avec de l'alcool dedans, donc c'est bien moi", a poursuivi Luc Nem.
Quant au mobile, une lettre manuscrite de Marielle aurait pu être le déclencheur de sa colère et du déferlement de coups qu'elle a subi. Mais là non plus, il n'a pas de souvenir. "Bonjour Luc, je ne peux plus supporter tes coups répétés. Je m'en vais et pour de bon cette fois. J'ai tant espéré mais ça ne sert à rien", dit la missive.
Interrogé sur ce point, l’accusé répond qu’il l’a peut-être lue mais ne s’en rappelle pas. Il admet que s’il l’avait effectivement vue, il aurait essayé de se faire pardonner ou il aurait à nouveau pu la tabasser comme il en avait l’habitude (voir ci-contre).
Alors que certains accusés restent de marbre et s'en tiennent au minimum, Luc Nem a répondu à tout, donnant pas mal de détails, et a dès le départ dit regretter terriblement ce qui s'est passé. "J'aurais voulu vous apporter des réponses mais je ne peux pas inventer des choses que je ne sais pas", a-t-il conclu. Remords sincères ou tentative de manipulation? La suite du procès, qui se déroule jusqu'à vendredi, le dira.