Huit cures en 2 ans pour se défaire de son addiction à l’alcool, en vain
L’alcool était omniprésent dans la vie de Luc Nem et du couple. Il a bien essayé de s’en défaire plusieurs fois, en vain.
Publié le 30-11-2021 à 06h00
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Le reste de l’interrogatoire de l’accusé a notamment brossé son enfance, son adolescence, ses relations amoureuses passées, sa vie professionnelle jusqu’à ce qu’il sombre dans un profond alcoolisme…
À 5 ans, Luc Nem a découvert son père mort dans le fauteuil. De là, sont nées ses angoisses et vers l'âge de 12 ans, il a commencé à prendre du Xanax (anxiolytique). "Comme mon père, j'avais peur de mourir dans mon sommeil", confesse-t-il. Sa maman buvait pratiquement constamment. " Au niveau de l'éducation, c'était le strict minimum, explique-t-il. J'ai dû me forger seul."Si, matériellement, il ne manquait de rien, il a souffert de carences affectives et d'un manque de structure. "Je sortais quand je voulais et j'allais à l'école quand j'avais envie". Il a eu bon nombre de retenues, d'absences non justifiées et de problèmes de discipline.
Luc Nem a obtenu son premier contrat de travail en 2007 dans une animalerie. Un métier tout à fait en adéquation avec sa passion pour l'aquariophilie. Au début, ça se passait bien, puis il a commencé à consommer après le boulot et s'est fait notamment remarquer lors d'un voyage durant les JO de Londres en 2012 avec son entreprise, où il était complètement ivre. "Avec ma compagne, je désirais avoir un enfant et ça n'allait pas. Je me disais que j'avais un problème."
Ça a alors été la dégringolade et la naissance tant espérée de sa fille en 2015, née suite à une fécondation in vitro, n'y a rien changé. Quelques mois plus tard, il s'est séparé de la mère de sa fille. Entre juillet 2015 et octobre 2017, le président de la cour a comptabilisé pas moins de huit cures pour combattre son alcoolisme, mais ce fut peine perdue à chaque fois. "C'est une maladie qui est traître. On boit en se disant que ça va aller mieux et qu'on va gérer mais au final, on ne gère rien", a-t-il lancé.
«Les mêmes sales habitudes»
S’il avoue avoir un problème pour se souvenir des dates, il se souvient très bien avoir rencontré Marielle le 16 août 2016 après avoir discuté avec elle sur internet, via un site de rencontres.
À cette époque, il buvait quotidiennement 8 à 10 Gordon de 50 cl, soit entre 4 et 5 litres de bière par jour. Il qualifie leur relation de "chaotique" tournant en grande partie autour de l'alcool. "Quand ce n'est pas moi qui avais bu, c'était elle, se souvient-il, soulignant le caractère fusionnel et toxique de leur couple. On avait les mêmes sales habitudes et on était très jaloux tous les deux."
Luc Nem a fait plusieurs tentatives de suicide dont une en 2016, avec plus de 6 g/l d'alcool dans le sang. "J'aurais dû mourir ce jour-là", a-t-il lâché. Actuellement, Luc Nem est toujours sous antidépresseurs. En prison, il a pris près de 50 kg et souffre de problèmes de santé dus à son surpoids.
Visage tuméfié, bras cassé…
Luc Nem se souvient du premier coup de poing qu'il a infligé à Marielle, qui s'est retrouvée le visage en sang. "Elle conduisait trop à gauche. Je voulais qu'elle me ramène chez moi. C'est parti tout seul, je ne sais pas pourquoi. Je n'aurais pas dû."
Ce qui lui a valu une première incarcération en septembre 2018. "J'ai l'alcool méchant quand je bois des choses assez fortes", indique-t-il. Il est libéré un mois plus tard sous certaines conditions.
Le deuxième fait marquant a eu lieu en avril 2019. Ce qui lui a également valu un séjour en prison. Marielle s'est retrouvée avec un œil au beurre noir et un bras cassé. Libéré sous conditions fin mai, Luc Nem est à nouveau arrêté en juin 2019. On lui reprochait cette fois-là d'avoir étranglé Marielle avec ses jambes et de lui avoir donné des coups de pied alors qu'elle était au sol. Elle s'est retrouvée couverte d'ecchymoses. "Ça ne me dit rien mais c'est possible", affirme l'intéressé. Il est condamné en septembre 2019 à une peine avec sursis probatoire pour ces violences et est remis en liberté le 2 octobre 2019. Moins de deux mois après, Marielle perdait la vie sous ses coups…