De jolis sacs de nanas en feuilles d’ananas: «On valorise ce qui est considéré comme un déchet»
Pour confectionner joliment ses sacs, la Biévroise Soho Francotte utilise du «Pinatex», une alternative au cuir à partir de fibres de feuilles d’ananas. Rafraîchissant.
Publié le 25-10-2021 à 07h05
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On peut tout faire avec des ananas, sauf garnir une pizza. Soho n'est pas pizzaïola mais, avec sa jolie collection de sacs et porte-monnaie, la Biévroise illustre à la perfection la polyvalence de cet étonnant fruit. «Pour les confectionner, je n'utilise pas du cuir mais du pinatex. C'est une alternative à base de fibres de feuilles d'ananas», situe l'artisane ardennaise.
Ce choix aussi exotique qu'esthétique, Soho Francotte l'a opéré en 2020, en plein cœur de la crise Covid. «Je joue dans un groupe (Coffee or not) et avec la crise, tout a été subitement à l'arrêt. Une autre passion, c'est de confectionner mes vêtements et j'aime travailler avec mes mains. Je me suis donc tournée vers la réalisation de sacs, portefeuilles, mais je voulais une alternative au cuir.» Soho est vegan, cela explique son choix, en partie. «Mais je suis aussi interpellée par les aspects très polluants de la production du cuir. C'est une activité très importante en Inde, avec des impacts très dommageables notamment pour la région du Gange. J'ai donc cherché une alternative», continue la Biévroise. En cherchant le textile adéquat, Soho a aussi tissé un nouveau lien avec ses racines. «J'ai en effet découvert le pinatex, c'est une technique qui a été mise au point aux Philippines, le pays de mes origines», sourit la jeune citoyenne de Baillamont. «C'est un textile produit avec les feuilles d'ananas qui, sans ça, seraient tout simplement brûlées. C'est donc une valorisation de ce qui serait autrement considéré comme un déchet.»
Éthique et esthétique
Le pinatex est produit en Europe et Soho se fait livrer des rouleaux de dix mètres. C’est à ce moment qu’entrent en scène sa créativité et son zèle.
«J'ai créé toute ma collection de sacs et je leur donne à chacun le nom d'une ville belge. Il y a Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Leuven mais aussi un Namur», s'amuse la jeune femme. Le pinatex est à la fois souple et robuste. Soho le travaille dans des coloris bleutés. «J'ai aussi une autre gamme à base de liège. C'est un peu plus connu. Mais là aussi, je suis attentive à la manière dont le matériau est produit. Il faut que cela soit renouvelable, durable, pas polluant et que le respect des travailleurs soit garanti», continue Soho Francotte. Du petit porte-monnaie au grand et classieux sac de dame, les prix peuvent varier de 14 à 149€. «Cela reste des pièces uniques et il y a donc une vraie production locale», souligne Soho. «Je peux parfois prendre six heures pour réaliser un seul sac.»
Pour baptiser sa jeune société, la jeune femme a choisi ce joli nom chantant «Lubay». «En Philippin, cela désigne des boucles d'oreille .» Un accessoire de beauté qui sonne bien et résume à lui seul cette collection qui allie l'esthétique et l'éthique.