DOSSIER| La Wallonie, terre de créateurs
Le confinement a eu ceci de positif, qu’il a modifié nos habitudes de consommation et nous a fait (re) découvrir les talents de nos régions.
Publié le 11-09-2021 à 13h00
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La Wallonie regorge d’artisans et de créateurs tous plus passionnés les uns que les autres qui ne demandent qu’à se faire connaître. À Liège, Wattitude ne regroupe que des produits locaux et créateurs wallons (voir page 13). Chez Sapristi, à Namur, on leur offre également une vitrine de choix pour exposer leurs œuvres. Mobilier, luminaires, papeterie, bougies… le magasin offre un large choix de produits d’aménagement d’intérieur qui respecte une charte précise.
Éthique et écologique
À l'origine de ce projet, on retrouve Sarah Genon et Virginie Olivier. Sarah nous explique les valeurs qu'elles défendent à travers leur boutique. «On est d'abord très attentives à l'éthique, au respect du droit du travail et ensuite, à tout l'aspect écologique. Mais c'est encore difficile de concilier les deux. On privilégie des objets issus de la récupération et, surtout, on essaie de mettre autant que possible en valeur l'artisanat, les créateurs et producteurs locaux. Même si on a aussi des créateurs étrangers.»
Pour dénicher ces femmes et ces hommes qui peuplent la boutique de leurs créations, Sarah et Virginie ont d'abord arpenté les salons avant qu'ils ne viennent eux-mêmes les trouver. Désormais, les deux femmes opèrent des sélections sur la base de candidatures afin d'évaluer si elles correspondent ou non aux critères établis. «On essaie de donner sa chance à tout le monde. Chaque créateur a un contrat d'environ trois mois. Mais certains objets ont parfois besoin de plus de temps car le client doit comprendre l'objet, s'identifier à lui, on le laisse alors plus longtemps dans le magasin. On a beaucoup de personnes qui font de jolies choses chez nous, c'est important de les faire connaître.»
Un élan solidaire
Si la tendance à la consommation écoresponsable était déjà en marche depuis quelques années, un véritable engouement a été ressenti pour les achats locaux pendant le premier confinement. «On a vu un vrai élan solidaire de la part de notre clientèle pendant cette période, les gens se sont beaucoup plus tournés vers le local. On observe une volonté de mieux consommer. Même si on n'est pas à du 100%, on sent que les choses bougent. Et pour notre part, l'engouement du confinement n'a pas baissé depuis.»
Tout récemment, Sarah et Virginie se sont, elles aussi, lancées dans la création de luminaires avec La la light. Il s'agit de rhabiller de vieilles suspensions avec des opalines chinées au gré de leurs balades. À terme, elles aimeraient designer l'ensemble de leurs objets. «Pour le moment, ce n'est qu'un rêve. Mais avec le temps, on a eu envie d'exprimer notre créativité. C'est l'une des parts très amusantes du métier, la démarche est intéressante. Et puis, on resterait dans cette logique de l'upcycling comme avec La la light.»
Sapristi, rue des Brasseurs, 13. Namur – www.sapristi.design

Pour le mobilier et les luminaires, il y a Jean-Claude avec sa marque Atypiquement bois qui n’utilise que des matériaux 100% wallons.
Besoin d’un fauteuil? C’est peut-être du côté de chez Mériem Azouigh et sa Conciergerie que vous trouverez votre bonheur, elle se charge de restaurer les fauteuils vintages (voir page suivante). Pour les objets de décoration, il y a le créateur François-Xavier de Deer-design, architecte de profession, qui récupère des bouts de bois dans une démarche écoresponsable.
Puis, pour réchauffer l'atmosphère et diffuser un agréable parfum pour se sentir bien chez soi, il y a les bougies Zeste de patine, écocertifiées, fabriquées avec de la cire de soja et contenues dans des boîtes de conserve. «Ce sont deux sœurs qui sont à l'origine de cette marque, Isabelle et Christine, précise Sarah Genon. On est dans un schéma quasi circulaire puisque les conserves peuvent être réutilisées plusieurs fois par la suite. Pas à l'infini car le métal finit par se dégrader. Mais on est dans cette logique de l'upcycling.»

Au-delà des objets déco, Sarah et Virginie ont prévu un petit espace dédié à la papeterie. On y retrouve, entre autres, les superbes cartes postales confectionnées par le couple de Namurois Marie et Olivier de H.O & M.E (photo). «Ce sont des photos qu'ils prennent de leurs voyages, raconte Sarah. Tout est imprimé «maison», ici à Namur, sur un beau papier avec un rendu incroyable. Pour moi, ce sont plus que de simples cartes postales, ce sont de mini-tableaux.»
Plus loin, sont exposés les cartes postales et les carnets et bloc-notes de Lisa Joseph, à l'univers très poétique, aux illustrations pleines de couleurs et de malice. «Il y a toujours une touche d'humour dans son travail. Les cartes sont imprimées à Namur et à Bruxelles. Et Lisa fait aussi de la sérigraphie.»
Tailleur sur mesure
Steve Evrard est un des rares tailleurs artisanaux de Belgique. Il réalise, seul dans l'atelier qu'il a installé dans son appartement de la rue de Bruxelles, à Namur, des costumes pour femmes et pour hommes, des chemises aussi, et des robes quand on lui demande. Il a ses propres créations, mais se concentre principalement sur le sur-mesure. «C'est important pour moi de montrer comment je travaille, de permettre la vulgarisation de mon métier. Je demande qu'on me contacte par e-mail afin de fixer un premier rendez-vous. Pendant une heure environ, on détaille le projet. On prend un deuxième rendez-vous à l'atelier cette fois, pour que le client puisse voir les échantillons de tissus. Je me déplace aussi. Quand on est d'accord sur le modèle et le tissu, je réalise un prototype pour essayage. Si celui-ci convient, je me lance dans la confection du vêtement. Il y aura encore bien sûr des essayages et des ajustements.»
Pour une création sur mesure, il faudra parfois compter jusqu'à sept mois de fabrication. Au niveau des prix, cela dépendra bien évidemment du choix de tissu et du travail nécessaire. «Je réalise une robe pour l'instant, elle coûte 300 euros. C'est élevé, mais je ne pense pas que ce soit excessif. Le sur-mesure reste un produit de luxe mais, ici, accessible.» Steve Evrard ne travaille qu'avec des tissus provenant d'Angleterre, de France et d'Italie exclusivement. Et dont toute la chaîne de production est traçable.
Un collectif wallon
Mériem, Amaury et Céline ont uni leurs compétences autour du collectif Intrinsek. Ils y mêlent showroom-boutique et mise à disposition de leur savoir-faire pour l’intérieur.
Mériem
Tapissière-garnisseuse spécialisée dans le conseil déco, Mériem Azouigh a plus d'une corde à son arc. Tapis, fauteuils, tapisseries… elle chine, crée, retape pour répondre à toutes les envies de style scandinave et vintage. «J'aimerais créer ma propre marque de fauteuils», confie-t-elle. En attendant, elle expose ses créations au showroom de La Plante (Namur).

Amaury
Amaury Crasset, Malt Furniture Maker, est prof mais son temps libre, il le passe à créer, fabriquer du mobilier, en mêlant le bois et l'acier. «Je réalise des meubles bruts avec des bois locaux ou je refais des meubles de récup, je propose également du sur-mesure. Il ne faut pas avoir peur du prix, on reste abordable, on s'adapte au client et à son budget.»

Céline
Architecte d'intérieur, Céline Farcy crée du mobilier en plus de se charger de l'aménagement intérieur de ses clients. «Dans le showroom, on peut répondre à une offre complète d'aménagement car on a des profils variés, on se complète. Et puis, l'espace d'exposition avec des mises en scène de pièces finies permet au client de se projeter.»

Intrinsek. Rue Théodore Baron 42, Namur. Dès le 16 septembre, ouvert tous les jeudis et vendredis de 11 h à 18 h et les samedis de 13 h à 17 h.
Wattitude, pour un cadeau de chez nous
Boutique et e-shop, Wattitude propose des produits locaux et des créations wallonnes. Une adresse à ne pas manquer pour dénicher le parfait présent.

Regroupant plus de 250 créateurs wallons et bruxellois, Wattitude s’impose comme une référence en matière de consommation locale. Située au cœur du centre-ville de Liège, la boutique propose des produits de bouche: chocolats, bières, condiments… mais également de la décoration, des luminaires, des accessoires de table, des cosmétiques, des bijoux, des t-shirts, des bonnets, des casquettes, des romans…
On y trouve même un espace réservé aux tout-petits avec des livres, des jeux et des articles de puériculture. Ce qui en fait le lieu idéal pour dénicher un cadeau fabriqué chez nous, qui plaira à tous, tant le choix est vaste.
Cette caverne aux mille et un trésors, on la doit à la pétillante Emmanuelle Wégria, qui a commencé cette aventure en 2012. «Au départ, c'était un commerce éphémère car je ne savais pas si le concept allait fonctionner. Je me suis finalement installée rue Souverain-Pont en 2014 à la suite d'un appel à projets de la Ville pour la réhabilitation du quartier.» Le succès est rapidement au rendez-vous et bientôt, les créateurs se bousculent au portillon. «Quand j'ai commencé, je devais aller chercher les créateurs pour constituer mon réservoir et puis, le projet a rapidement pris de l'ampleur et ce sont eux désormais qui viennent à moi.»
Des liens avec les créateurs
Pour sélectionner les créateurs qui prendront place dans son magasin, Emmanuelle fonctionne au coup de cœur. Il n'y a que peu de roulement, elle reste fidèle. «Il y a forcément des liens qui se tissent entre nous, et puis, il y a aussi la clientèle qui s'attend à retrouver certaines marques dans le magasin, on ne peut pas la décevoir. Tant qu'un produit, une marque fonctionne, on continue. Le roulement se fait finalement au feeling, en fonction des rencontres et des opportunités.»
Au-delà du lien avec les créateurs, Emmanuelle souligne l'acte responsable qui se cache derrière la consommation locale. «On a tellement de talents chez nous, autant faire vivre ces gens-là, non? On participe à l'économie du pays, on réduit notre impact écologique.»
La boutique regorge de pépites à des prix raisonnables; retrouvez notre sélection de huit produits page suivante.
Wattitude, rue Souverain-Pont, 7, Liège www.wattitude.be
8 créations originales
Un sac à dos de Mobile Home
C’est le créateur liégeois Thibaut Fishers qui se cache derrière ces sacs à dos pour petits et grands, fabriqués de façon artisanale. Aussi pratiques que jolis, ils conviennent tant à la ville qu’aux chemins de randonnée.

Prix: 140€ pour le plus grand
Une théière de Ceramik by Do
Cet ensemble en grès tourné émaillé blanc est travaillé au four et unique, comme chaque pièce que réalise Dominique Deruisseau, originaire de Tilff. Et toutes sont adaptées au lave-vaisselle, au four et au four à micro-ondes.

Prix: 100€
Des boucles d’oreilles d’Emerance Jamagne
En laiton et pièce de récupération de chambre à air, les bijoux d’Emerance Jamagne s’inscrivent dans une démarche écoresponsable, tout en élégance.

Prix: 38€
Une tour d’observation d’Élysta
Maud Roegiers et son compagnon Erwan Morelle viennent d’Andenne et réalisent des jeux pour enfants en bois. Elle dessine, lui construit. Leurs jeux s’inspirent de la pédagogie Montessori.

Prix: 155€
Des fleurs séchées de Courant vert fleur
Chaque bouquet est conçu consciencieusement par Magali Galiotto, à Nandrin. Elle propose également une gamme d’accessoires pour les mariages.

Prix: entre 20 et 55€ selon la taille du bouquet
Un t-shirt de NNC
NNC, pour N’èst-ce nin chose, a été créé par deux Liégeoises, Cécile Debehogne et Catherine Fourneau. La marque s’est lancée dans les badges humoristiques avant de décliner le concept sur d’autres supports.

Prix: 30€
Un livre d’Anne Crahay
La Verviétoise Anne Crahay propose un univers ultra-graphique et coloré pour raconter des histoires aux tout petits. Les pages sont épaisses, il y a des volets à soulever… Une autre collection s’attache à décrypter les émotions.

Prix: 7,75€
Un savon du Retour du savon
C’est à Ampsin que Valérie Leroy fabrique ses savons et shampoings solides 100% biodégradables. Elle utilise le procédé de saponification à froid qui permet de conserver les propriétés des huiles végétales utilisées.

Prix: 7€