PHOTOS & VIDÉO | Chez les échasseurs namurois, les filles aussi envoient du bois
Assidues, déterminées et plutôt douées, une demi-douzaine de filles s’entraînent avec les échasseurs. En attendant les joutes.
Publié le 29-08-2021 à 19h10
Détermination, agilité, force, camaraderie… Ces termes sont souvent utilisés pour décrire les échasseurs namurois et leurs célèbres joutes. Et tous ces mots sont du genre… féminin. Avec l’arrivée d’Aurore, Alice, Jeanne, Lucie, Pricia… c’est une page historique qui est en train de s’écrire pour les Mélans et les Avresses. Samedi matin, 10 heures, au local de la rue Saint-Nicolas, les filles sont là, aussi ponctuelles que déterminées pour entamer les entraînements.
«Depuis des années, j'assiste à l'échasse d'or (le dimanche des fêtes de Wallonie) et j'ai toujours rêvé de pouvoir les rejoindre», débute Aurore. «Chez moi, j'ai toujours baigné dans cette tradition», poursuit Alice Gobiet, fille de Paul et sœur de Julien, échasse d'or à deux reprises. «Dans notre entourage, quand on dit qu'on est entré dans le groupe et qu'on s'entraîne pour les combats, on nous dit que c'est génial, que c'est super de voir les filles s'y mettre. Mais en même temps, on ajoute qu'on est un peu cinglées…»


Chacune a ses atouts et ses astuces. «Jeanne est passée aussi par l'école du cirque. Elle a un très bon sens de l'équilibre et ça aide énormément», commente cet Avresse.
Mais tomber, cela fait aussi partie de la vie de l'échasseur. «Je me suis déjà fêlé le coccyx», assure celle-ci. Lucie glisse aussi des chaussettes à l'avant de… ses chaussettes. «L'arceau en métal fait quand même mal aux chevilles. Avec ça, on le sent moins», conseille cette courageuse «échasseuse».
Les filles apprécient aussi l'accueil de leurs copains d'échasse. «Ce que j'aime, c'est qu'ils ne font pas de différence», appuie Aurore.

Toutes et tous sont d'accord sur une chose. «C'est agréable de se voir progresser à l'entraînement», témoigne Aurore et Alice. «On est de plus en plus à l'aise pour avancer avec les échasses. Et puis, on ose progressivement balancer les premiers coups. Et le premier jouteur qu'on parvient à faire tomber, ça, c'est quelque chose!» Une drôle de sensation qui motive les troupes depuis plus de six siècles.

Mais il ne faut jamais dire jamais. «Depuis 2011, avec nos 600 ans, et 2018, avec notre candidature pour l'Unesco, on réfléchit à la manière d'intégrer les filles au sein des échasseurs. C'est pour cela qu'on leur a ouvert les séances d'entraînement du samedi matin.»
C'est une petite avancée pour plus d'égalité mais aussi un pas de géant dans le monde de l'échasse. «Une bonne demi-douzaine de filles sont réellement régulières. Et on constate que le bouche-à-oreille fonctionne très bien», se réjouit l'échasse d'or 1996. Suffisant pour organiser une joute? «Il faut parvenir à un nombre et à un niveau suffisants», appuie Frédéric Gilon. «Pour organiser un combat, il faut qu'on ait à la fois le nombre suffisant mais aussi que la qualité du spectacle soit garantie pour le public», insiste l'Avresse. Les combats ne seront pas mixtes. «Il y a évidemment des différences de puissance physique et on doit en tenir compte.»
