PHOTOS| Dans les yeux d’Alice Delchambre, à l’Arsène Café, sourient les âmes du Viêtnam
Alice Delchambre expose au café culturel Arsène ses photos et regards captés au Viêtnam lors d’un voyage sur le fil du confinement.
Publié le 05-08-2021 à 17h13
Le cadeau de ses 16 ans, un bel appareil photo et son film (troqué aujourd’hui contre une carte-mémoire), Alice ne l’a pas lâché. Sa vocation pour la captation immortelle de l’instant unique n’a fait que grandir. Les petits portraits réalisés lors de réunion de famille, dans sa zone de confort, ont peu à peu laissé leur place à l’inconnu, dans la rue mais aussi dans son métier.

L’Assessoise originaire de Wierde est infirmière en santé mentale (passée par le Beau Vallon et officiant désormais, notamment, au CHR), formée à l’art-thérapie. Car face au malaise que peut nourrir le vécu, la maladie, le physique du patient, la photo peut être un moteur pour s’accepter et initier un remède, dire les maux.
Pour Alice aussi, la photographie autodidacte, qui lui permet désormais de relever de nouveaux défis comme les shootings de concerts, a fait déclic. «Dans une autre vie, j'ai été partout dans le monde, dans des voyages de luxe.» Elle est revenue de ces pays des merveilles trop démonstratives.

Nouveau départ
Si bien que quand elle prend son billet d'avion pour le Viêtnam en décembre 2019, c'est pour un nouveau départ, qui va la réve(il)ler un peu plus. «Je suis partie fin février 2020, avec un minimum de vêtements pour faire de la place à mes deux gros objectifs, 200 mm et 70mm.»
Le Covid, de plus en plus inquiétant au cœur de l'Asie, n'a pas démotivé celle qui est plutôt réservée. «On m'a dit que si je partais, je ne reviendrais pas, je serais coincée.» Non seulement, elle y a cru, en est revenue mais il lui tarde d'y repartir.

Parce que ce qu'elle y a trouvé est inestimable. «Du Viêtnam, je ne connaissais que ce que j'en avais vu dans les documentaires et les émissions télé. Outre les réservations pour savoir où dormir et tout juste quelques mots d'Anglais – mais j'ai finalement rencontré pas mal de personnes parlant français – je suis partie en sac-à-dos. » En train, en autocar, pour la première fois sur une moto: bref, à l'aventure en tentant de trouver son chemin.

Chinh, le guide contacté sur Facebook et à qui elle n'avait versé aucune avance, l'attendait bel et bien en gare de Sapa avant de l'héberger dans sa propre famille. Signe qu'Alice, de l'autre côté du miroir, pouvait faire confiance à tout le monde et que ce sont ceux qui ont le moins qui, souvent, donnent le plus. Les repas sont riches, chaque plat suivi d'un petit shot d'alcool de riz, et on fait le feu de camp à même la cuisine. Il se peut même que vous dormiez (ou tentiez de dormir) au-dessus d'énormes araignées qui font «crunch» – «inoffensive mais qu'on peut manger, m'a-t-on dit!»


Dans les grandes villes surpeuplées, la photographe a croisé quelques personnes masquées – «plutôt contre la pollution que le Covid» – mais c'est en s'enfonçant dans ce pays vert et ses rizières que la Belge a capté les visages dans leur plus simple appareil. Des enfants comme des grands-parents, qui parfois retournaient l'appareil contre elle dans un dialogue dynamique se passant parfois de mots mais jamais d'émotions fortes.

«Si certains ont refusé que je leur tire le portrait, beaucoup se montraient curieux, m'épiaient avant que je ne les remarque. Une fois la photo prise, je la leur montrais. Je ne suis même pas sûre que dans ces coins reculés, ils aient des miroirs, ils étaient très contents. La prochaine fois, je prendrai peut-être un Polaroid, pour leur offrir de temps à autre une photo.»

Délestée de ses biscuits qui ont beaucoup plu aux enfants qu’elle a pu croiser, Alice a ramené 3 500 clichés (paysages mais surtout des âmes et des humains), des souvenirs plein les yeux et la tête. En attendant son prochain séjour – on lui a même proposé un stage dans un hôpital –, Alice a gardé contact et est horrifiée par le confinement consécutif à une 5e vague qui a vidé les rues de ce pays qu’elle a connu si vivant et souriant, comme elle le perpétue sur les murs dépaysants du café de la rue des brasseurs.

«Le Viêtnam dans les yeux d’Alice», exposition à voir jusqu’au 30/11 à l’Arsène Café (rue des brasseurs 19, Namur). La photographe sera présente en soirée les 7, 8, 12, 13, 14, 20, 22, 29 et 30/08.
Sur Facebook: «Alice Delchambre Photographe»