Band à ordures, Fulu Miziki fait sonner nos poubelles comme jamais
Coup de cœur du programmateur, le groupe congolais Fulu Miziki a gagné sa place dans le cœur du public, samedi. En partant de rien.
Publié le 02-08-2021 à 17h31
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Des boîtes de conserve montées en lunettes, une cuiller et une fourchette accrochées à la ceinture d’une armure multicolore, des tongs polyvalentes (puisque sur scène, elles remplacent les baguettes tapant sur la batterie) aux pieds… De loin, les Fulu Miziki ressemblent à des super-héros. De près, on comprend à quel point leur style et leur musique hauts en couleur font illusion.

«Notre slogan, c'est Fulu Miziki, boule et sukaté: musique de poubelle dont l'idée ne se finira jamais », rigolent Sékélé et Tshé Tshé Mbélé, portés par le public d'Esperanzah! «C'était chaud! Les organisateurs nous ont dit: c'est la moitié de ce qu'on fait. Alors, forcément, nous avons déjà très envie de revenir. »
Il faut dire qu'avec ses instruments inattendus et ses harmonies puissantes (masculines, parce que la chanteuse Aïcha a été privée de visa, à cause des règles Covid congolaises), Fulu Miziki a ébouillanté l'assemblée. «Nous nous connaissons depuis toujours, nous venons du même quartier. Après un passage dans la musique électronique (NDLR. qui a laissé de jolies traces), nous avons voulu créer un son unique. Il fallait donner corps, une nouvelle vie à ce qui est considéré comme des déchets. Les caisses de nos guitares sont des lecteurs cd, nous utilisons des chambres à air, etc. Même sur scène, nous improvisons. Nous partons en concert pour composer.»

Les costumes aussi, nous le disions, sont recyclés mais leur allure est futuriste, façon Daft Punk? «Nous voulons proposer quelque chose de différent. Mais, nous trouvons beaucoup d'idées dans les poubelles, des choses déjà utilisées par des gens. Du coup, c'est normal qu'on ressemble à quelqu'un!» D'autant que ces éboueurs atypiques, ayant beaucoup écouté Bob Marley, Michael Jackson ou Papa Wemba, trient les déchets partout où ils passent. «Nous n'achetons rien mais les bidons que nous utilisons ne rentrent pas dans nos valises! »

Un éternel recommencement pour ceux qui préparent leur 1er album mais ont d'autres rêves que la musique. «Nous ne chantons pas pour chanter. Il y a des messages. On parle de malnutrition, de souffrance mais aussi de la joie. Puis, comme nous ne sommes pas allés à l'école, nous sommes très soucieux d'apprendre à lire et à écrire aux enfants de nos rues.»