Le petit Esperanzah! se prépare à Floreffe: «Petit mais vrai, car l’espoir, n’a jamais été autant d’actualité»
«Ce fut compliqué!» Pour mettre en place le 1er grand festival de l’été belge et accueillir 5 000 personnes par jour, ce week-end, l’équipe a dû plusieurs fois revoir ses plans.
Publié le 29-07-2021 à 08h49
«Le lieu est toujours aussi magique.» Se hissant sur la grande scène, côté jardin le directeur-programmateur du Petit Esperanzah!, Jean-Yves Laffineur, ne se lasse pas de la vue sur la Sambre, la campagne. Samedi et dimanche, l'abbaye retrouvera joie de vivre et de danse, multiculturellement et librement. En attendant, les artistes bricoleurs mettent du cœur à l'ouvrage pour la transformer sous de folles structures boisées.
Parcours du combattant
Nommé parmi les trois évènements-pilotes de cette première moitié d’été en Wallonie et à Bruxelles, Esperanzah! tombera le masque et fera trêve de distanciation physique: tous les participants (dans la foule comme les backstages) devront en effet se munir de deux tickets: celui du festival et le Covid Safe (un test PCR négatif de moins de 72 heures, un test antigénique fait en pharmacie de moins de 48 h, la preuve de vaccination soit 2 doses faites il y a plus de 2 semaines ou un certificat de guérison de + de 10 jours et moins de 6 mois).

«Ce pass, c'est la base de tout, continue Jean-Yves. Mais ce fut une drôle d'histoire. Depuis, avril, nous avons travaillé sur un nombre incalculable de versions mais aussi préparé trois communiqués d'annulation. À chaque Codeco, dès que la Culture est enfin devenue un sujet de discussion, il y avait une surprise, une information relativement imprécise qui laissait pourtant croire que c'était possible. Une saga de négociations.»
Les organisateurs ont en effet dû recevoir l'accord de quatre ministres, de la Province et du bourgmestre. «Un parcours du combattant! C'est simple, en un mois et demi, nous avons du tout mettre en place de A à Z. C'est beaucoup plus de boulot qu'un festival normal que nous préparons sur une année. Les moteurs? Nos visiteurs mais aussi tous les secteurs qui se retrouvent derrière une organisation comme la nôtre, les sous-traitants qui sont passés par des moments de désespoir, certains se résignant à changer de métier. Notre critère, c'était la convivialité. Sans elle, pas d'Esperanzah! Même petit, il fallait que le festival soit complet: avec un camping, des concerts, des arts de rue, de quoi danser et débattre. Comme avant, ou plutôt comme après. »
Détour vers le futur
Le slogan, tout trouvé pour accompagner celui de longue date (Un autre monde est possible), en témoigne: Détour vers le futur. Si certains estiment que, quand toute cette crise ne sera plus qu'un mauvais souvenir, la planète célébrera le retour à la vie comme lors des trente glorieuses, Jean-Yves n'en veut pas.

«Ce serait la catastrophe! Esperanzah! – l'espoir, ça n'a jamais été autant d'actualité. Mais c'est maintenant qu'il faut mener le combat pour une société plus démocratique, égalitaire, progressiste; contre tout ce qui génère le mal-être. La crise que nous traversons toujours à favoriser l'inégalité, qu'elle soit sociale, de genre, etc. Il est aussi important de poursuivre la quête de justice climatique. Oui, nous devons faire un monde meilleur qu'avant la crise. » Des sujets au cœur d'espaces de paroles aménagés par le festival.

Tout en pensant à 2022? « Organiser un festival plus petit, outre la pression et le manque de temps, ça a finalement rencontré notre volonté d'aller vers la décroissance. Obligée ici, mais, qui sait, peut-être qu'en 2022, Esperanzah! prendra une autre forme? »

«Il y avait 1 500 places, soldout en une semaine. Ce sera le premier camping festif de l'année, il risque d'être à la hauteur de sa réputation. La vente de simples tickets, elle, continue. Nos objectifs sont atteints mais ce n'est pas complet. La météo n'est pas en notre faveur. Puis, pendant un an et demi, on a répété aux gens que nous n'étions pas essentiels. Il nous faut retrouver leur confiance.» Pour le reste, l'essentiel se déroulera sur le plateau supérieur de l'abbaye, de part et d'autre de l'église. Huit groupes d'artistes de rue déambuleront, entre trapèze, mât chinois, hamac et fanfare. «Ce sera très visuel! En fait, ce sera un festival comme avant mais en plus petit.»
Régional et international
Niveau programmation musicale, Jean-Yves Laffineur a aussi réussi à concocter une affiche variée mais le défi fut compliqué. «Peu d'artistes sont finalement déjà repartis en tournée et il fallait trouver ceux qui sont sur notre continent actuellement. J'ai repris la liste des invités des éditions 2020 et 2021 initiales, en ai amené d'autres. L'objectif est le même: que ce soit des acteurs engagés et conscients, aux origines, styles, textes variés. Modernes et contemporains aussi.
Il y a des femmes fortes comme Yseult et La Dame Blanche, Cubaine résidant à Paris. Puis, le Brésilien Lucas Santtana qui se montre très critique face à la dictature de Jair Bolsonaro. L’affiche est résolument découverte. En hip-hop, une artiste comme Meryl, venue de Martinique, explosera très vite. Elle amène un nouveau son, de la fraîcheur.
Les Congolais de Fulu Miziki restent un fameux coup de cœur. Un groupe fou, plein d'énergie et jouant sur des matériaux de récup'. Côté Namurois, Ziza Youssouf, Winter Woods et Super Ska seront mis en avant, après n'avoir pu, durant de longs mois, défendre leurs nouveaux projets. »
Infos et tickets: www.esperanzah.be, 65€/pass 2 jours, 35€/jour