Son arme de service vers son agresseur
De 2014 à 2017, le militaire aurait frappé à plusieurs reprises son ex-épouse policière. Craignant pour sa vie, la victime a pris son arme.
Publié le 29-06-2021 à 06h00
Sur le banc des prévenus: un militaire haut placé aux 20 années de service exemplaire. Les victimes: son épouse, policière mais aussi son fils. Il est poursuivi pour des scènes de coups particulièrement violentes sur son ex. On en dénombre pas moins de six entre 2014 et 2016. Néanmoins, celle qui s'est déroulée le 22 mai 2017 atteint son paroxysme. Au terme d'une énième dispute, elle se voit maintenue au sol et tabassée. Parvenant à s'échapper, elle se saisit de son arme de service. Le prévenu évoque la légitime défense. Interrogé, le militaire évoque des violences psychologiques et des pressions que son épouse aurait exercées sur lui. « Le 22 mai 2017, j'ai eu peur pour ma vie. Elle braquait l'arme sur moi. J'ai cru que j'allais mourir». Des propos qui laissent perplexe Me Fery, avocate de l'ex-épouse, constituée partie civile. Pour elle, « cela fait 20 ans qu'il est militaire et qu'il sait gérer.» Mais apparemment pas dans la sphère privée. Au début, sa cliente va accepter les coups. Elle se verra même frappée alors qu'elle est enceinte. Le modus operandi: toujours ce qui s'apparente à des prises de combat. Le déclencheur? Selon Me Fery, les coups reçus par son fils (NDLR: « une fessée» selon le prévenu). Et puis vient la scène du 22 mai où elle prend son arme. « Elle n'avait pas le doigt sur la détente. Elle était prudente», souligne Me Fery. Il parvient à la désarmer par une clé de bras, l'immobilise au sol et la tabasse.» La rubrique «constats» et les photos sont éloquentes. Pas plus de légitime défense que d'excuse de provocation. L'avocate de la victime sollicite un montant provisionnel sur un total de 5 000€ et une expertise médicale tout comme le tuteur de l'enfant, aussi partie civile.
Peine lourde et dissuasive
Du côté du parquet, on conforte cette analyse. L'absence de remise en question, la lourdeur des violences mais aussi l'impact de ces scènes sur les deux enfants présents sont à prendre en compte. Il requiert deux ans avec sursis probatoire ou une peine de probation autonome d'une durée de deux ans. « Une peine lourde et dissuasive» néanmoins assortie d'un sursis vu l'absence d'antécédents. Me Thirion, qui défend le militaire, évoque « un contexte particulier et une relation destructrice». Parlant de la partie civile, elle décrit une femme « qui use et abuse de son statut. Elle est policière et elle porte plainte.» Une « habitude» qu'elle aurait aussi prise avec ses anciens compagnons, lors de ruptures. La fameuse scène du 22 mai ne peut être éludée. Mais elle offre une autre lecture. « Lorsqu'elle parvient à se dégager, elle sort pour aller chercher de l'aide chez un voisin. Puis elle rentre. Elle monte à l'étage, prend son arme et la charge.» Son client était donc en état de légitime défense, elle sollicite l'acquittement. Jugement le 27 septembre.