Namur: le secteur de la culture en a ras le bol
À Namur comme partout, le monde de la culture s’est rassemblé samedi pour réclamer son déconfinement. Des manifs ont eu lieu dans le centre-ville et à la citadelle.
- Publié le 21-02-2021 à 22h00
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Ce samedi matin, une centaine de personnes (le maximum autorisé par les autorités) se sont retrouvées, dans les Jardins du Maïeur, pour participer à une action symbolique en faveur de la culture. Initiée à travers tout le royaume, par le mouvement citoyen Still Standing For Culture, cette action visait à dénoncer les décisions absurdes, voire iniques, qui, depuis des mois, ont mis le monde culturel à l'arrêt. «Nous ne voulons plus de confinements ciblés arbitrairement sur certains secteurs, expliquent les organisateurs dans leur communiqué. Il faut rétablir équitablement le poids des efforts sur l'ensemble de la société. À partir d'aujourd'hui, nous ne nous soucierons plus de savoir si la culture est censée se situer avant ou après les salons de coiffure, les auto-écoles, les parcs de bungalows, les soldes ou les zoos. Nous n'attendrons pas l'hypothétique "printemps culturel" qu'on nous promet: nous le ferons advenir!»
Relayé dans une centaine de villes et autres endroits du pays, cet appel à organiser des actions culturelles de toutes sortes s’est traduit, à Namur, par la mise sur pied d’une vingtaine d’événements.
Présente dans les Jardins du Maïeur, avec Amina et Assya, ses deux filles âgées respectivement de 6 et 10 ans, Vinciane n'a pas voulu rater ce rendez-vous avec la culture. «Nous avons beaucoup d'amis artistes, nous travaillons nous-mêmes dans le secteur de l'horeca et nous souffrons de la situation actuelle. J'ai trouvé que c'était important de venir avec mes deux filles, car, comme nous, elles éprouvent un manque de plaisir, de vivre ensemble. Et la culture apporte tout ça.»
Responsable de la communication pour Namur en Mai, organisateur de l’action aux Jardins du Maïeur, Lisa Henri rappelle à quel point il est temps qu’on puisse à nouveau rêver.
« Nous dénonçons l'absurdité des mesures qui touchent l'ensemble du secteur culturel. La culture est sûre. Nous démontrons, ici, que nous sommes capables d'organiser un événement en toute sécurité. On demande qu'on déconfine urgemment la culture.» Devenus, le temps d'une bonne heure, un lieu de spectacles muets, mais aussi de prises de paroles libérées, un endroit de «reconstruction» et de défense de la culture, les Jardins du Maïeur avaient des airs d'agora, ce samedi matin. Grâce à la présence du public.

Le centre-ville a accueilli une vingtaine d’actions et animations organisées dans le cadre de l’opération Still Standing For Culture. Outre dans les Jardins du Maïeur, animés par l’équipe du festival Namur en Mai et différents intervenants (professionnels de l’événementiel, psychologue, artistes, médecin…), les Namurois ont pu «faire culture» dans d’autres lieux comme, par exemple, au cinéma Caméo. Dès 10 h et jusqu’à 16 h, ceux qui le souhaitaient étaient invités à inscrire, sur de faux tickets de cinéma, un slogan, un mot d’encouragement, une pensée, etc. Des tickets géants qui ont été ensuite suspendus dans le hall d’entrée.
Place d’Armes, quelques dizaines d’artistes se sont également rassemblés pour clamer leur désarroi face à la répression qu’ils subissent depuis des mois. Un peu plus loin, rue des Brasseurs, c’est la vitrine de l’Arsène café qui a accueilli un concert, en formule réduite et acoustique, du groupe La Horde. Le Delta n’était pas en reste non plus, tout comme les Abattoirs de Bomel. Au Delta le public a pu découvrir, entre autres, des messages vidéo enregistrés par différents artistes, comme le guitariste Quentin Dujardin ou encore le plasticien Benoît Félix et la comédienne Louise Jacob. Aux Abattoirs, c’est un (triste) état des lieux de la culture qui était présenté aux visiteurs.

L'ASBL Panama, qui gère la salle de concert Le Belvédère à la citadelle, participait elle aussi à l'opération. L'équipe a «emprisonné» le violoniste Michel Ange Montigny sur la terrasse grillagée du lieu, pour un récital judicieusement intitulé Libérez les notes. Une petite centaine de spectateurs ont manifesté leur soutien à l'artiste et à la culture, depuis le bosquet situé en contrebas de l'établissement.
Certes, Panama est composée de membres bénévoles et d'une salariée qui garde son travail pendant le confinement. «Mais notre fermeture, depuis quasiment un an, a déjà généré un manque à gagner d'environ 100 000€ pour les artistes, techniciens et autres prestataires des métiers du spectacle», ont expliqué Bernard Fortz et Marc Pijcke, deux des administrateurs de l'association.