Ce vendredi, des cafetiers exsangues sur les grand-places de Namur, Ciney, Assesse et Gembloux
Dans plus de 30 communes de Bruxelles et de la Wallonie, les acteurs de l’horeca crieront leur désarroi. Notamment à Namur, Ciney, Assesse et Gembloux.
Publié le 03-02-2021 à 19h10
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La majorité des travailleurs de l’horeca boit le calice jusqu’à la lie. Et ils sont encore loin d’avoir fini d’ingurgiter le dépôt gisant au fond du verre. En 2020, les cafés et restaurants ont fermé durant sept mois.
Ce vendredi, à 15 h, sur les grand-places d’une trentaine de communes, des indépendants du troisième secteur d’emploi du pays vont partager leur détresse face à l’impossibilité actuelle de pratiquer leur métier. Les organisateurs de ces manifestations, deux collectifs spontanés de gérants de l’horeca, ont tout balisé sur le plan sanitaire. Ils veulent être pris au sérieux et montrer la sincérité de leur détresse. L’action sera donc éparpillée en 30 manifestations de maximum 100 personnes dans des conditions sanitaires strictes et sur inscriptions préalables.
«Seules les personnes travaillant dans l'horeca peuvent venir, ce n'est pas ouvert au grand public, raconte Éric Dieu, coordinateur de l'action en Wallonie. C'est pour éviter tout débordement non désiré.» Ces manifestations se feront uniquement avec l'accord des bourgmestres et des zones de police. Actuellement, sur les trente Communes consultées en Wallonie, un seul bourgmestre a répondu par la négative.
À Namur, la manifestation ce vendredi sur la place d'Armes sera aussi complète qu'un restaurant un soir de Saint-Valentin, lors d'une année sans crise. Les retardataires qui veulent y participer devront se déporter à Gembloux, Assesse ou Ciney. «On demande surtout des perspectives, raconte Damien Baert, cafetier de La Cuve à Bière et l'Antidote, deux établissements en bonne santé avant la crise. Être indépendant, c'est pouvoir se projeter. Depuis bientôt un an, nous vivons au jour le jour, on paye les factures et le loyer sans savoir où on sera demain, quand on pourra travailler et si cela se fera dans un contexte favorable à une relance.»
Sans certitude de reprise à court terme, beaucoup de cafetiers, hôteliers, fournisseurs et restaurateurs sont englués dans un dilemme: mettre la clé sous le paillasson tant qu'il en est encore temps ou continuer les frais à l'aveugle. «On remarque qu'il y a une véritable incompréhension de notre métier dans le monde politique et parmi la population: quand des élus locaux et des patrons de banque affirment que l'horeca est un monde où on gagne sa vie en faisant du black, c'est nier notre réalité», continue Damien Baert, coordinateur de l'action dans la capitale mosane.
En huit mois de fermeture depuis mars 2020, ce cafetier a touché un total de 8 000 euros d'aide. Une corde fragile dans un gouffre de factures avec un loyer mensuel de 5 000 euros par mois pour deux établissements. «À la réouverture, je vais devoir recommencer comme il y a 13 ans, en prenant une commande à crédit auprès du brasseur. Pourtant, je n'ai jamais flambé de l'argent et toujours bossé 60 heures semaine», ajoute le cafetier, qui oscille d'un job alimentaire à l'autre pour payer les frais fixes de deux bars vides. «Une grosse entreprise qui fait faillite, on entend parler de parachutes dorés. Quand c'est un indépendant, c'est un drame social.»
Marc Ronveaux, le gérant oheytois de l'Ozone et du Moulin de Solières, sera à la baguette de la manifestation hutoise. Confronté aux mêmes dilemmes que son confrère namurois, il songe à revendre le bâtiment de l'Ozone à Ohey.
Dans la province namuroise, l’action se déroulera de 15 h à 17 h 30 à Namur, Gembloux, Assesse et Ciney.