La Région débloque 1,5 millions d'euros pour ramener le commerce dans les centres-villes namurois
Problème d’accessibilité, concurrence de l’e-commerce et des centres commerciaux, les causes en sont multiples, le constat bien réel.
Publié le 24-02-2020 à 06h00
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En Belgique, l’activité commerciale de nombreux centres-villes est à la peine. Les vitrines vides des cellules commerciales délaissées en sont le reflet.
Le phénomène n’est pas neuf. D’ailleurs, pour renverser la vapeur, la Région wallonne avait mis sur pied, en 2017, le dispositif Créashop, visant à accompagner et à soutenir financièrement les jeunes entrepreneurs qui souhaitent s’installer dans une cellule vide.
Il y a peu, Willy Borsus, ministre wallon de l’Économie, a annoncé le maintien du dispositif ainsi que son élargissement aux «sous-bassins de consommation». L’UCM pilotera le projet auquel 1,5 million d’euros seront alloués durant trois ans.
Si Créashop ne concernait initialement que 16 grands pôles, dont Namur et Sambreville, la liste comprend désormais 39 Communes. Parmi celles-ci, on retrouve Andenne, Beauraing, Ciney Couvin, Dinant, Gembloux, Jemeppe-sur-Sambre, Philippeville et Rochefort.
«Il s'agit d'une présélection. Les Communes éligibles ont jusqu'au 10 avril pour déposer leur candidature, explique Aurélie Marichal, chef de projet pour l'UCM. Des endroits jugés stratégiques devront être clairement identifiés, ainsi que des secteurs d'activité à privilégier. Tout en sachant de Créashop fait un focus sur le circuit court et l'économie circulaire.»
Sur base de ces critères, les entrepreneurs qui le souhaitent pourront défendre leur projet devant un jury et, pourquoi pas, décrocher la timbale. «Concrètement, ils pourront obtenir une prime pour l'aménagement du magasin couvrant jusqu'à 60% du total de l'investissement et plafonnée à 6 000 euros», précise Aurélie Marichal qui insiste sur l'importance de valider des dossiers qui offrent la promesse d'une activité pérenne.
Pour les Communes, Créashop + est d’ores et déjà vu d’un très bon œil. Cependant, beaucoup n’ont pas attendu pour tenter de donner un nouvel élan à leurs commerces.
Petit tour d’horizon de la santé économique des centres-villes de la province.
29 ouvertures de commerces à Andenne
Avec 29 ouvertures de commerces pour 9 fermetures, la situation d’Andenne est des plus positives. Pour Caroline Finfe, gestionnaire de Shop In Andenne, une structure créée en 2015 pour soutenir l’activité, trois facteurs permettent d’expliquer ce bon état de forme.
«D’une part, car les centres commerciaux ont été implantés à moins d’un kilomètre à pied du centre. De ce fait nous n’avons jamais eu de mal à faire le lien entre le centre et la périphérie. D’autre part, la mise en place du parking souterrain dans lequel les gens peuvent bénéficier de deux heures de stationnement gratuit a permis d’apaiser un certain nombre de tensions. Enfin, grâce à Shop In Andenne, nous avons fédéré les commerçants afin qu’ils puissent se rencontrer et développer des synergies.»
La structure joue également, grâce à sa bonne connaissance du terrain, le rôle de facilitateur et d’accompagnateur pour l’installation de nouveaux commerces, sans toutefois leur apporter de soutien financier.
Créashop + pourrait donc venir renforcer la dynamique déjà en place.
«Nous avons des rues qui fonctionnent bien, et c’est justement là que nous devons maintenir nos priorités. Je pense notamment à la promenade des Ours, la rue Brun ou encore à la place des Tilleuls.»
Gembloux: un plan d’action pour 2020
Souvent abordée, la problématique du commerce à Gembloux est simple à cerner. «Les cellules sont souvent trop petites au regard des standards actuels, les loyers sont élevés et le bâti vieillissant», résume le bourgmestre Benoît Dispa qui souligne, à l’inverse, l’attractivité des pôles périphériques comme «La campagne d’Enée».
Sans attendre la Région, la Ville a pourtant pris les devants en mettant en place un système de prime et d’accompagnement à l’installation.«Mais ce n’est pas miraculeux… Nous servons aussi d’intermédiaire entre commerçants et propriétaires pour les inviter à réduire les loyers durant les deux premières années d’activités. Ça a eu un effet incitatif. Ils se rendent parfois compte qu’avoir un loyer moindre permet tout de même d’avoir un loyer.»
Selon les autorités, le salut pourrait venir d’une vaste opération de rénovation urbaine. Celles-ci comptent d’ailleurs faire l’acquisition de biens jugés stratégiques grâce à un droit de préemption.«C’est notamment le cas rue Notre-Dame, de manière à créer des projets de bonne dimension.»Enfin, un plan d’action en lien avec le schéma de développement commercial, verra le jour durant le premier semestre de 2020, et ce, afin de favoriser une complémentarité entre l’offre du centre et celle de la périphérie.«Pour nous, Créashop vient au bon moment. Nous aurons une panoplie d’outils à disposition.»
Dinant: ramener le client de la Croisette vers le centre
Dans la Cité des Copères, les longues années de travaux ont laissé des traces. « Mais nous avons des signes encourageants.
Après une stabilisation en 2018, le nombre d’ouvertures a été supérieur à celui des fermetures en 2019», annonce l’échevin Laurent Belot. Outre les mesures déjà en place comme la prime à l’installation Dinashop, la Ville veut aller plus loin et capitaliser sur l’activité touristique en hausse et l’attrait de la Croisette pour attirer de potentiels clients vers la rue Grande et la rue Sax. Pour ce faire, des investissements sont prévus afin de revoir l’aménagement urbain entre ces deux zones et créer une liaison naturelle.
L’éclaircie à Couvin après le règne des camions
À Couvin, l’échevine dresse un constat sans appel: «Dans le centre-ville, nous avons pas mal de cellules vides, la situation n’est pas florissante.»
Selon l’élue, les allées et venues de semi-remorque dans les artères de la ville ne sont pas étrangères à ce marasme économique.«Des milliers de camions traversaient Couvin, les gens avaient pris l’habitude d’aller ailleurs.»
L’achèvement récent du contournement de la ville constitue ainsi la promesse d’une belle éclaircie.«Nous voulons ramener les gens, et pour cela nous comptons revitaliser le centre avec des trottoirs plus agréables, de la mobilité douce, des plantations. C’est un véritable projet de ville, à long terme, à condition de décrocher les subsides.»Les autorités communales devront également veiller à ce qu’une liaison bénéfique entre le futur centre commercial «La Couvinoise», destinée à accueillir de grandes enseignes, et le pôle d’activités urbain puisse voir le jour.
Dans l’arrondissement de Philippeville, la situation est cependant contrastée. À une vingtaine de kilomètres de Couvin,Philippevillefait, elle, face à très peu de cellules vides à en croire l’échevin André Dubois. Néanmoins, celui-ci plaide pour que les commerçants philippevillains accroissent leur présence sur Internet.«Je pense que c’est une bonne façon de se faire connaître.»
Maternité commerciale
Après plusieurs années à voir les boutiques se diriger vers la zone commerciale installée avenue Schlogel, à Ciney, la majorité entend ramener de l’activité en centre-ville.
Si depuis 2014 celle-ci offre une prime à l’installation allant jusqu’à 3 000 euros, les élus ont choisi dernièrement de mettre en place des maternités commerciales. «L’idée est que la Ville mette à disposition de projets innovants une surface commerciale avec un loyer évolutif, explique l’échevine Anne Pirson qui annonce parallèlement une réelle volonté de rendre le centre-ville plus attrayant. Nous espérons de bons résultats d’ici la fin de la mandature.»