Jazz et cinéma: une passion chez Eastwood
Nouvel album consacré aux musiques de film et annonce d’un concert au Tournai Jazz en mai. Le contrebassiste Kyle Eastwood nous en a parlé.
Publié le 07-12-2019 à 07h44
«Le cinéma est ma seconde passion», nous dit Kyle Eastwood. Il composera quelques belles mélodies pour les films de son père: Gran Torino, Million Dollar Baby, Lettre d'Iwo Jima, autant de jolies perles à accrocher dans sa déjà bien remplie discothèque. Cette fois, Kyle reprend un éventail de musiques de films qui l'ont marqué.
On peut imaginer que votre amour pour le jazz vient de votre père.
C’est en effet comme ça que j’ai été initié à la musique: mes deux parents étaient fans de jazz. J’ai grandi en écoutant des disques de jazz ou de blues, du Ray Charles.
Qu’écoutaient vos parents?
Mes parents écoutaient beaucoup de musique de big bands. Le premier concert dont je me souviens, c’est l’orchestre de Count Basie, un très bon souvenir. Comme j’ai connu les années 70, j’ai écouté des choses différentes: du rock 'n roll, de la pop, du funk, Earth Wind & Fire, James Brown. Mais c’est vraiment du jazz que je suis tombé amoureux.
Il n’y a pas que des thèmes de jazz pour ce nouvel album. Comment avez-vous établi votre choix?
J’avais des compositeurs en tête: Lalo Schifrin, Mancini, Herrmann. De toute façon, j’ai choisi des thèmes que je pensais pouvoir adapter à un quintet de jazz. C’est plutôt le son, les compositeurs, qui ont inspiré mes choix, plus que les images d’un film. Mon but était de mélanger des morceaux très reconnaissables et d’autres dont la mélodie d’origine était plus obscure. Une pièce que j’aime beaucoup est celle que John Williams a composée pour un film de mon père dans les années 70, la mélodie est magnifique.
L’improvisation forme le cœur du jazz; vous n’avez jamais pensé à improviser sur les images d’un film?
Improviser comme Miles Davis l'a fait pour Ascenseur pour l'Échafaud, ça doit être passionnant. Mais quand vous faites une musique de film, vous travaillez d'abord au piano, puis avec un computer pour mettre les choses en place. Ce qu'il faut c'est trouver le bon moment pour placer la musique parce qu'il y a des contraintes, les dialogues en sont une importante.
Il y a sur l’album un thème connu d’un James Bond qui sonne très improvisé.
Oui Skyfall est beaucoup plus improvisé que les autres pièces. J'aime cette mélodie et nous l'avons jouée plus vite, nous y avons mis plus de liberté, c'est sans doute le morceau de l'album où on s'est le plus lâché.
«Gran Torino» est un énorme film de votre père et plusieurs noms sont associés à la composition du thème: pouvez-vous nous éclairer à ce sujet?
Mon père a joué au piano les quelques premières lignes de la mélodie. Michael Stevens l’a enregistré pendant qu’il jouait. On y a ajouté quelques accords, puis Michael et moi avons travaillé sur cette chanson et avons demandé à Jamie Cullum d’y mettre des paroles. Je lui ai demandé de lire le script du film et de voir ce qui lui passait par la tête. Nous l’avons enregistré sur le piano de mon père dans son living-room, c’est cela qu’on entend vraiment dans le film.
La façon d’aborder certains thèmes fait penser aux «Jazz Messengers» d’Art Blakey.
Beaucoup des disques que j’aime sont des albums des «Jazz Messengers». Les Blue Note des années 50. Le groupe qu’il a eu avec Lee Morgan et Wayne Shorter, c’est une sorte de modèle pour mon quintet.
«Cinematic», Jazz Village/PIAS. En concert au Tournai Jazz le 2 mai.