Les Tilleuls, 1er hôtel de Camille Gersdorff
Chez les Gersdorff, on a l’entreprenariat dans le sang. À 26 ans, Camille vient d’ouvrir un charmant hôtel à Étretat, en France.
Publié le 08-11-2019 à 18h00
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Situé au centre d'Étretat et à 300 mètres des falaises, l'établissement Les Tilleuls est plutôt un «hôtel particulier», comme le décrit la Namuroise. «On est entre la maison et l'hôtel, explique-t-elle. On est très présent pour la clientèle, on a de bons petits-déjeuners autour d'une grande table avec des produits régionaux. On propose des repas le soir, une ambiance familiale où les gens peuvent discuter, boire un verre ou lire un bon livre au coin du feu.»
En mars dernier, Camille est tombée sous le charme de cette emblématique bâtisse de 1738. «Cette maison a une vraie énergie», confie-t-elle. L'établissement de style maison bourgeoise d'époque propose trois chambres avec terrasse et deux grandes suites. «J'aimerais développer une partie spa d'ici deux ans», ajoute-t-elle.
Dans ce petit bout de Normandie de 1300 habitants, on est loin des immenses hôtels où elle a fait ses premières armes. «Financièrement, je ne pouvais pas me permettre d'avoir quelque chose de trop grand, indique-t-elle. Travailler dans des grands hôtels, c'est une expérience enrichissante mais il n'y a pas de personnalisation. Or, ce que j'aime dans ce métier, ce sont les services, les rencontres et pouvoir échanger avec les clients. Je souhaitais une ambiance plus chaleureuse.»
«La boule au ventre…»
Camille est tombée petite dans l'hôtellerie et les plaisirs culinaires. «Jusqu'à nos dix ans, mon frère et moi avons grandi dans les cuisines de L'Essentiel, à Temploux, le restaurant étoilé de mes parents, se souvient-elle. Ils l'ont revendu et ont ensuite ouvert le NE5T Hôtel à la Citadelle et la Plage d'Amée à Jambes. Actuellement, ils s'occupent du nouveau restaurant Demain au Delta.»
En 2010, Camille, alors adolescente, a rejoint son papa à Shanghai, où il était directeur du catering à l’exposition universelle. C’est là qu’elle a entendu parler d’une école en Suisse qui correspondait exactement à ce qu’elle envisageait pour l’avenir.
Son diplôme de rhéto en poche, elle est partie apprendre l’anglais six mois en Irlande puis a étudié l’hotel management en Suisse. Elle a eu l’opportunité de faire un stage au Ritz de Shanghai et au London NYC, un luxueux hôtel en plein cœur de Manhattan, à New York.
Forte d'une expérience en béton, c'est à Londres qu'elle a eu son premier job. «Plus tard, un ami qui montait une start-up à Paris m'a appelée pour voir si je voulais participer à son projet de réservation d'hôtel personnalisée. En fonction des envies et du profil des clients, on leur trouvait l'hôtel leur correspondant le mieux. C'était une sorte de Tinder de l'hôtellerie!» En mai 2017, Camille s'est donc installée à Paris. Elle vit aujourd'hui entre Étretat, la capitale française et notre pays. Depuis janvier, elle fait partie de l'entreprise de ses parents et s'occupe de la développer avec sa famille.
2019 a décidément été un bon cru puisque c'est cette année aussi qu'elle a eu vent via un ami de son papa que la maison d'Étretat était à vendre. «Nous sommes venus la visiter le 11 mars et j'ai ouvert l'hôtel le 11 juin. Le 11, ma date de naissance et mon chiffre porte-bonheur!» Un signe du destin et un sacré défi. «Moi qui venais de Paris, je me suis directement sentie apaisée à Étretat. Mais j'étais très flippée car c'est un gros projet, je suis assez jeune et je ne connaissais rien ni personne. J'ai eu la boule au ventre pendant quelques mois!» Heureusement, elle a pu compter sur l'accueil à bras ouverts des habitants du coin et une solide équipe. Une aventure qui ne fait que commencer.

Être disponible sept jours sur sept, s'accrocher malgré les embûches, sans oublier de se renouveler. Ce sont là quelques secrets de la réussite. «L'optimisme est un atout important dans ce métier, sinon on est vite découragé, confie la jeune femme. Quand on lance ce genre de projet, on a de nombreux freins et de choses à régler. Il faut pouvoir faire des choix et prendre des décisions comme lorsque j'ai quitté Paris du jour au lendemain pour m'installer dans un endroit qui m'était totalement inconnu. Il faut être assez fonceur, sans trop se poser de questions, et avoir de la patience parce que tout prend du temps, ce qui n'est pas la plus grande de mes qualités!»
Si l'on veut qu'un établissement dure dans le temps, il faut selon elle sans cesse innover, le faire grandir et le pérenniser. «Pour ça, il faut être bien entourée, avec des personnes de confiance, qui vont elles aussi amener des idées pour continuer à développer le lieu. C'est un travail sans fin pour lequel on est plus fort à plusieurs que seule.»
Dès ce mois de novembre, Camille organise des retraites qui auront lieu certains week-ends pour combler la période plus creuse de l’hiver. Au programme: bien-être, méditation, yoga, naturopathie, permaculture, cuisine saine ou randonnée au cœur de la nature… Les idées ne manquent pas et comme vous l’aurez compris, Camille a du mal à ne faire qu’une chose à la fois.
Si elle envisage d'ouvrir d'autres établissements? Au fond d'elle, elle sait qu'elle ne s'arrêtera pas là. «Mais je pense que les choses arrivent au bon moment. Si un autre projet doit voir le jour, ça sera une question de timing, de rencontres, comme ça a été le cas pour Les Tilleuls…»