Le premier AFRIKIKK, ou quand le KIKK s’ouvre à l’art africain
L’AFRIKIKK fait partie cette année de la 9e édition du KIKK Festival. Rencontre avec Delphine Buysse, la curatrice du projet.
Publié le 02-11-2019 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/XE23WVUM2VDUZEFUUSTMRHRBUI.jpg)
Curatrice ou commissaire d’exposition (on peut dire les deux), la Namuroise Delphine Buysse vit en Afrique depuis des années et a contribué à la mise en place d’AFRIKIKK. Comment est né ce concept?
C’est parti d’une rencontre avec Gilles Bazelaire, le directeur du KIKK.
Il est venu en voyage à Dakar et on a parlé de cette idée un peu folle de créer un AFRIKIKK. Très vite, il m’a mise en contact avec la coordinatrice Marie du Chastel, qui a aussitôt été enthousiaste de faire venir des artistes africains parce que c’était déjà une idée qu’ils avaient depuis longtemps de se tourner vers d’autres continents. La technologie est souvent orientée sur le monde anglophone et occidental.
Du coup, ils avaient envie de montrer ce qui se passe ailleurs.
Comment se concrétise AFRIKIKK?
Il s’intègre au concept KIKK in Town, qui propose un parcours avec des installations, parfois monumentales et parfois plus petites, disséminées partout dans la ville, aussi bien en extérieur qu’en intérieur. Les artistes africains sont parmi les autres. Nous ne voulions pas les rassembler en un seul lieu, nous souhations qu’ils fassent partie intégrante du KIKK in Town avec tout le monde.
Des pictogrammes AFRIKIKK sont placés à côté de chaque artiste pour que le public puisse se repérer. Il y en a huit du continent africain et de la diaspora.
Quel est le fil rouge entre les œuvres?
Il y en a plusieurs sous la thématique générale des Archipels de la fragilité. Certains parlent de l'extractivisme, c'est-à-dire l'extraction des ressources puisées à outrance en Afrique pour fabriquer par exemple des iPhones ou d'autres appareils technologiques. D'autres abordent les déchets technologiques ou encore la globalisation des migrations.
Un artiste parle de la crise migratoire et un autre de la difficulté, pour les artistes notamment, de la circulation des êtres et des biens.
Avez-vous des coups de cœur?
Mansour Ciss Kanakassi me touche particulièrement. Il a une installation qui est très proche de notre surréalisme belge.
Il a créé une Afro-République, où on peut obtenir un global pass, qui nous permettrait de circuler librement dans tous les pays du monde et d’échanger nos billets contre des billets de sa monnaie imaginaire appelée l’Afro, qui serait une sorte de révolte contre le Franc CFA. J’ai aussi un coup de cœur pour Emo de Medeiros (voir ci-contre).
Par quels supports les artistes font-ils passer leur(s) message(s)?
La vidéo est souvent utilisée car elle est facile à transporter et pallie ainsi certaines difficultés d’acheminement des œuvres.
Il y a aussi des installations, des performances d’artistes et des dispositifs sonores et lumineux.
Qu’appréciez-vous dans un festival comme le KIKK?
En tant que commissaire d’exposition, je suis déjà sensibilisée au fait d’amener l’art au plus près des personnes qui y ont moins accès. Je travaille beaucoup dans le milieu urbain. Qu’un événement comme le KIKK puisse proposer une exposition de cette qualité, gratuite, dans l’espace public, d’autant plus dans une branche de l’art qui est un peu plus complexe et que l’on connaît moins, c’est extraordinaire! Ici, c’est tout à fait accessible aux familles, aux plus jeunes, etc.