Longues distances et universalité du pré carré
Auteur fidèle en collaborations, Vincent Zabus ne quitte jamais l’Italien (vivant en Australie) Thomas Campi. «Il est humain, il parvient à faire exister le silence, il sait comment faire résonner le violon.
Publié le 28-08-2019 à 06h00
» Leur prochain album, L’Éveil (80 pages, aux Éditions Delcourt), se passe à Bruxelles, il y a deux ans, au moment de l’élection de Donald Trump. «C’est l’histoire d’un jeune homme hypocondriaque, en total repli sur lui-même. Un jour, il sort de chez lui et une branche tombe presque sur lui. Il lève la tête et voit que cet arbre est comme mordu. Bien sûr, nous ne sommes pas dans un Spielberg, notre héros va se demander qui a bien pu faire ça. Il sera guidé vers un street artist très engagé et ouvert sur le monde. Pour cette histoire, je me suis inspiré de l’aventure d’amis, des heureux allumés, qui ont tenu une quincaillerie culturelle éphémère à Bruxelles. Une expérience très intéressante, celle de changer le monde à son niveau. Avec de la résilience, une ouverture sur le monde. » Un thème cher au Namurois qui prépare, toujours avec Thomas Campi, un polar dans les années 50.
Royal super-héros
Avec Incroyable!, tiré d'une pièce de théâtre des Zygomars (basée elle-même sur un scénario BD non abouti), Vincent renoue avec Hippolyte, Français vivant à la Réunion. «C'est l'histoire d'un gamin rempli de TOC. Il est livré à lui-même. À 11-12 ans, on sent bien qu'il part mal. Sauf qu'un jour, alors qu'il doit présenter un exposé devant sa classe, il oublie ses feuilles et commence à improviser. Tellement bien que c'en devient intéressant. Sa professeure le sélectionne pour représenter sa classe au concours régional des exposés qui se tiendra à Namur. Nous sommes dans la Belgique des années 80's, celle du Mexique et du Roi Baudoin. Un roi dont notre héros a fait son ami imaginaire, son super-héros. C'est un peu iconoclaste, un récit pour les adultes mais avec un enfant. Alors qu'au théâtre, cette pièce était destinée, avant tout, aux enfants.»
L'action se situe aussi en Belgique! «Hippolyte a même dessiné le théâtre de Namur. En plus, il y a quelques décennies, parce que les magazines BD étaient destinés à la France, on ne pouvait pas dessiner la Belgique, des lieux trop identifiables. Comme si on ne pouvait pas être universel quand on parle de son petit pré carré.»