Glauque, à l’arrache puis à la rage
À l’heure des grands noms, Glauque était, ce vendredisoir, sur la scène Alpha. Entre rap, electro, états d’âme.
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- Publié le 02-08-2019 à 19h03
Glauque? Ça peut aussi vouloir dire bonheur. En à peine six mois, le quintet namurois s'est imposé, l'air de rien et en n'en revenant toujours pas, comme l'une des grandes révélations de l'année. Les rappeurs-électromen sont présents partout dans les festivals belges avec même quelques incursions en France. «Il y a six mois, nous avions six concerts au compteur. Depuis, nous en avons donné une trentaine », explique Louis Lemage, 21 ans, étudiant en sciences politiques et frontman de Glauque. Nous avons rencontré cet Éghezéen avant son concert «presque à la maison».
Bonjour Louis, après le BlueBird, la semaine passée, vous continuez d’être régional de l’étape.
Ce sont des festivals qui ressemblent à la région dans laquelle ils s'implantent. Esperanzah!, nous y étions venus l'année passée, en tant que festivaliers pour voir La Meute, incroyable, et Roméo Elvis.
C’est drôle, j’avais l’impression d’être déjà venu sur ces lieux. Et, en effet, je me suis souvenu que j’avais pris part à une retraite pour ma grande communion, ici. Le contexte était tout autre.
Maintenant, c’est toi le gourou de ses foules.
(Il rit) À vrai dire, je vais très peu en festivals et en concerts, je n’aime pas la foule. En général, je me mets tout à l’arrière. J’ai de la chance, je suis grand.
Et pour chanter, pas de problème?
Ah non, c’est plus facile quand on est au-dessus des gens. En fait, je n’aime pas être physiquement entouré. Je n’ai pas peur de l’impression de foule, par contre.
Es-tu timide?
À mort! Je ne suis pas la même personne sur scène. Tu peux y être sincère tout en étant en représentation, mettre de la distance. Il faut, sinon tu ne t’en sors pas.
Et si l’on en croit le magazine les Inrockuptibles, vous vous en sortez très bien. Pour eux, vous êtes «le groupe que le monde entier attendait».
Je pense que ça ne nous a pas aidés. Oui, ça fait plaisir, sur le coup. Mais après, ils ont une réserve de dizaines de groupes par année sur lesquels ils font des articles dithyrambiques et exagérés. Pour dire, quand ce groupe explose, «on l'avait dit». Mais c'est à double tranchant. Les commentaires laissés sous cet article n'étaient pas tendres. Genre: pourquoi seraient-ils les nouveaux rois du monde si personne ne les connaît. Et à raison. Remarquez, après, on a donné aux Inrocks une interview, c'était différent.
Qu’est-ce qui vous a propulsés alors?
Notre participation aux concours. Du F dans le texte et surtout le Concours Circuit. Nous avons reçu plein de prix de festivals qui nous ont invités à jouer. Et des pros nous ont repérés. Leurs retours nous ont permis de progresser beaucoup plus vite. Grâce au concours des Beautés Soniques, nous avons gagné un an de résidence aux Abattoirs de Bomel. Nous y allions quand nous voulions.
Les lieux musicaux namurois, vous y êtes habitués, non?
Oui, mon frère, Lucas, et Baptiste Lo Manto ont fait des études de piano à l’IMEP, à Salzinnes. Lucas est professeur de piano au conservatoire de Jambes.
Du classique donc qui, avec Glauque, se mue en electro-rap.
C'est marrant de voir des élèves de Lucas venir à nos concerts. Je l'ai eu comme grand-frère, j'ai une petite idée du professeur qu'il est. Il doit être moins extravagant en cours qu'entouré de Glauque.
Et dire que vous n’avez enregistré à ce jour que deux chansons.
Robot et Plane. Nous n'y avons pas super-réfléchi. Ce sont les deux premiers morceaux que nous avons créés ensemble. Nous en jouons une dizaine sur scène. En tout, nous travaillons sur une quinzaine de titres. Une palette. Certains sont plus calmes, et d'autres plus énervés.
«Des états d’âme poétiques plongés dans l’électronique», dites-vous pour décrire votre musique.
Tout le monde a besoin de les sortir. Le faire de cette façon est la manière la plus saine pour nous. Je comprends que ça puisse déranger.
Nos chansons ne sont pas faites pour heurter, cela dit. Un jour, peut-être, ferons-nous un album de blagues. Mais la démarche actuelle est celle-là. Et ce n’est pas un calcul. Nous savons qu’il est plus facile de faire des chansons titres que des joyeuses.
Le premier album?
Nous espérons le sortir pour le premier trimestre 2020. Avec des singles d’ici là.
Après un concert qui a ébouillanté Floreffe, on confirme qu’il va falloir l’attendre celui-là.