Elections 2019: «Chacun lorgne la sortie de route de l’autre»
Tract polémique d’Écolo, vidéo maladroite du cdH… à chaque faux pas, la campagne électorale s’éveille.
Publié le 16-05-2019 à 18h49
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C’est la dernière ligne droite pour les candidats aux élections. Réseaux sociaux, affichages débats, tracts, la bataille de l’attention se fait sur tous les canaux.?Chaque candidat veut exister et certains sont prêts à tout pour se différencier des autres.? Au point que certains n’hésitent pas à prendre des initiatives personnelles sans l’aval de leur parti. La vidéo maladroite des jeunes cdH du BW promenant Mirza en est une belle illustration. Ou encore le tract Écolo signé par deux élus bruxellois. Ce tract d’Écolo qualifié de « communautariste » par les autres partis visait à rallier la communauté musulmane en se positionnant sur des fondamentaux de la religion (port du voile, abattage rituel sans étourdissement...) Un tract maladroit qui a suscité énormément de réaction et y compris au sein de la direction du parti.?
Alors faut-il pour autant tomber dans le travers et offrir une campagne lisse aux citoyens ?? Car il faut bien l’avouer ces faux-pas ont eu le mérite de relancer la campagne électorale qui semblait bien morne.?Nous avons interrogé Nicolas Baygert, chercheur et enseignant à l’IHECS, l’ULB et Sciences Po Paris. Nicolas Baygert, qu’est-ce ce qui a changé dans cette campagne électorale ?
« Auparavant, la campagne électorale démarrait avant le scrutin.? Le débat électoral portait sur le bilan des majorités sortants, sur les grandes lignes du programme des partis, les possibilités d’alliance, avant de passer au vote. Les négociations byzantines qui s’en suivaient, dont l’électeur est exclu, devaient idéalement déboucher sur un sacro-saint compromis à la belge.?La donne a changé, ce n’est plus l’école des fans, où tout le monde sort gagnant.?La campagne est devenue permanente et iI y a un vrai clivage majorité-opposition. »
Et cela a un impact sur la campagne actuelle ??
Oui car aujourd’hui c’est tout au long du mandat qu’il faut convaincre. On l’a vu avec le MR ?au fédéral.? En tant que seul parti francophone au sein de la majorité, par ailleurs allié à la N-VA, il a été, sans interruption, sous le feu des critiques.? L’opposition tirant à boulets rouges.? Avec des invectives parfois très dures.? Et donc tout au long du mandat, le parti a dû légitimer son action auprès de l’électeur avec en apothéose : le bras de fer au sujet du Pacte migratoire (NDLR: dit Marrakech) ase soldant par le départ de la N-VA et, plus indirectement, d’Alain Destexhe. Paradoxalement ces défections furenten mesure d’apporter de la clarté quant aux valeurs défendue par ce formations.
Il n’y a plus de période électorale ??
En effet, car la campagne électorale n’est qu’un prolongement d’une communication politique en continu. Or on constate un certain essoufflement.??Depuis quelques plusieurs semaines, les partis se regardaient un peu en chien de faïence.?On peut même dire que jusqu’il y a quelques jours, on s’ennuyait un peu.?Quant au style, compte tenu d’un raccourcissement du temps d’expression imposé dans les médias, l’émotion et l’indignation sont préférées à l’argumentation.?Les leaders politiques maîtrisant l’art des punchlines en sont avantagés.
L’affaire du tract Ecolo a notamment relancé la machine ?
Nos politiques sont dans une position attentiste où chacun lorgne la sortie de route de l’adversaire.?Et tout l’effort sera mis sur la façon dont il faudra interpréter ces faux pas au lieu de convaincre l’électeur de son projet.? ? Au même titre qu’il s’agira de réinterpréter de façon dépréciative le bilan des sortants sans imprimer un cap. Le débat de fond en sort perdant.?