Un vaudeville customisé et singulier
La création du Théâtre Jardin Passion «Madame est partie» fait son grand retour pour 6 dates. Tous les codes d’un Feydeau. Mais pas que…
Publié le 28-01-2019 à 09h43
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Les amateurs du genre ne seront pas déçus. Madame est partie présente tous les codes du vaudeville. Un magnifique décor (grâce à Félicien Van Kriekinge et au Théâtre des Galeries), des quiproquos, de l'intrigue et des rebondissements. Bref, l'esprit d'un Feydeau avec, pour la compagnie de Jardin Passion, l'envie d'emmener le spectateur au-delà de sa zone de confort.
Pour une fois, le synopsis ne fait pas appel au mari cocu. L'amorce de l'histoire? Celle d'une sœur et d'un frère. «Elle, Virginie, c'est une working girl, une vraie bosseuse, explique Marie-Noëlle Hébrant, comédienne. Lui, c'est son frère, Laurent (interprété par Sébastien Hébrant). Il est banquier et a été victime d'un braquage voici un an. Ce jour-là, sa femme l'a aussi quitté. Depuis, il ne travaille plus. Sa sœur s'inquiète, elle l'appelle. Mais il ne répond pas car il va très bien. Il explore la vie.»
Une histoire résolument contemporaine qui maintient néanmoins tous les rouages traditionnels de l'amant dans le placard et des portes qui claquent. Une pièce signée Maryse Duez. «L'avantage, souligne Marie-Noëlle, c'est que Sébastien et moi sommes frère et sœur dans la vie. On se connaît. On a notre langage commun.» Un plus confirmé par le grand-frère: «On joue à 40 ans comme on jouait à six.»
Pas de période d'adaptation ni de tirage de couverture de part et d'autre. «On se fait une confiance aveugle. C'est un spectacle qui nous ressemble», commente le comédien. Marie-Noëlle aime la période de création, de remise en question. Sébastien préfère la scène aux répétitions. Le tout forme un «Feydeau customisé, singulier et unique» où de vastes plages sont volontairement laissées à l'improvisation.
Un autre contexte
Bien sûr, c'est un vaudeville et on rit. Mais la compagnie compte accompagner le spectateur un peu plus loin. «Ce n'est pas uniquement un spectacle pour plaire mais c'est aussi une réflexion autour du travail où nous sommes occupés à remplir un agenda et, en même temps, cette quête du bonheur.» Créée il y a un an, Madame est partie s'inscrit aujourd'hui dans un autre décor. «L'an dernier, on était dans un contexte où tout le monde en avait marre mais se retrouvait impuissant, commente Marie-Noëlle Hébrant. Là, pour le moment, c'est la même situation mais il y a une prise de conscience, une mobilisation.» Du côté du théâtre Jardin Passion, Madame est partie mais cela n'empêchera pas le public d'en rire mais aussi de pousser plus avant la réflexion, après le spectacle, dans une ambiance dont seul le petit théâtre a le secret.

Depuis, ce spectacle tiré du texte autobiographique de Virginie Despentes a été reconnu d'utilité publique par la Cocof, l'an dernier, en raison notamment de «son apport à un enjeu sociétal majeur et d'actualité». Il revient, tous les soirs, du 12 au 16 mars prochain.
Joué devant des 5es et des rhétos (qui ont reçu le texte comme un coup de poing), King Kong Théorie a, de par son nouveau label, été diffusé auprès de prostituées, de personnes précarisées et de détenus de Lantin. Là aussi, il s'agit d'«un spectacle sans concession et relativement percutant», comme le confie la compagnie.
Humaniste et féministe, la création tirée des textes de Virginie Despentes fait désormais son écolage dans «La classe des mammouths », création collective du Théâtre des 4 Mains «à voir dès le plus jeune âge pour se dégager des clichés du genre. Ceux qui revendiquent par exemple que le masculin l'emporte sur le féminin. Car, précise Marie-Noëlle Hébrant, c'est avec ce genre de généralités, que l'on met des petites graines dans la tête des enfants et que l'on pratique le sexisme ordinaire.»
À cela s'ajoute la programmation de Subutex (en mai), découvert durant le Festival Cocq en stock, la saison dernière. Un autre Despentes où 15 comédiens frôleront les planches dans un contexte similaire. «Il y a le percutant et le rire qui réunit tous les publics, conclut Sébastien Hébrant. Et Jardin Passion s'inscrit vraiment à l'intersection.»
Rendez-vous rue Marie-Henriette, dès ce 31 janvier (20 h 30) et ce, pour 6 représentations. Attention, les places sont comptées.
Réservations sur info@théâtrejardinpassion. be ou sur www.theatrejardinpassion.be. Il reste des places pour le 31 janvier et le 9 février. 0472/965 316