Réussir, juste comme tout le monde
Des gens ordinaires, animés du désir de bien faire, peuplent les dernières nouvelles de Jacqueline Daussain.
- Publié le 29-12-2018 à 06h00
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Tendres et touchantes, légères et drôles, dramatiques et poignantes. Vingt-deux nouvelles composent le nouveau recueil de la Jamboise Jacqueline Daussain, La journée mondiale de la gentillesse, publié en cette fin d'année aux éditions Quadrature.
Grande observatrice de la vie quotidienne, Jacqueline Daussain rebondit toujours sur de petits faits observés dans la vie réelle pour ensemencer ses histoires. «J'aime regarder ce qui se passe autour de moi, dit-elle. Je prends note de petites choses, parfois très ténues, qui m'étonnent ou m'intriguent, sans savoir si je les utiliserai un jour. C'est parfois deux ans plus tard qu'un de ces petits instantanés me donne l'étincelle qui fera une nouvelle.» Elle illustre: «Un jour, assez tôt le matin, j'ai croisé sur le pont de Louvain un homme habillé d'un jeans et d'une blouse d'hôpital ouverte dans le dos, l'air complètement paumé. Ça m'a inspirée pour cette nouvelle où un homme renonce au dernier moment à sa vasectomie et s'enfuit de la clinique.»
Un bisou au supermarché
La Jamboise se sent plus l'âme d'une nouvelliste que d'une romancière, trop attachée à la collecte de ces «milliers de petits flashs observés chez les gens» et à leur traduction littéraire la plus juste possible. «Et puis, je laisse ces personnages " à leur vraie vie " et je suis intriguée par un autre comportement, une autre image…»
Un cadre ému par un couple précarisé qui s’embrasse au supermarché, un papa célibataire débordé par ses fils et par la maladie de son père, de jeunes retraités qui doivent se réinventer une vie à la maison, un jeune homme paniqué à la vue d’un corps étendu dans une entrée d’immeuble… Les personnages de Jacqueline Daussain ne sortent pas de l’ordinaire, mais le moment de leur existence que l’on partage est particulier.
« Ce sont tous des gens qui veulent bien faire et qui culpabilisent parce qu'ils n'y arrivent pas, commente l'auteure. Des gens qui ont envie de réussir un minimum, comme tout le monde, et qui ont un peu honte de ne pas y parvenir. »
«La journée mondiale de la gentillesse», 124 p., éd. Quadrature.