Restructuration aux Éditions de l’Avenir: «Ne pas savoir, c’est le plus dur et le plus cruel»

Réuni ce jeudi en assemblée générale, le personnel était partagé entre colère et désarroi face aux réponses à la fois floues et violentes de la direction.

La Rédaction de L'Avenir
Restructuration aux Éditions de l’Avenir: «Ne pas savoir, c’est le plus dur et le plus cruel»
Depuis plusieurs jours, notre journal publie des dessins de presse qui concernent notre restructuration. Ce vendredi, celui de JacPé, graphiste et illustrateur bruxellois spécialiste du dessin humoristique. Il a collaboré à de nombreuses ... ©JACPÉ

«Cela fait maintenant plus de trois semaines que l'annonce a été faite et les gens commencent à être à bout. Il y a de la colère mais aussi des gens qui craquent, qui pleurent dans les couloirs… Et tout ce qu'on nous présente c'est ce "plan" d'une violence inouïe et totalement irréaliste pour envisager de pouvoir encore réaliser un journal de qualité!»

Ce sentiment partagé par un journaliste donne le ton d’une assemblée générale du personnel qui était très chargée en émotions, ce jeudi après-midi, à l’issue d’un nouveau conseil d’entreprise extraordinaire.

Durant une bonne partie de la journée, le personnel s'est rongé les sangs en espérant qu'il sortirait des réponses claires de cette sixième réunion d'information entre les représentants du personnel et la direction. Cette dernière avait en effet promis, lors de la réunion précédente, de revenir avec des éléments concrets, une vision claire et précise quant à son «plan de redéploiement» de l'entreprise.

Pour toute réponse, il n’a eu que des colonnes de soustractions. Celles des têtes qui doivent tomber. Service par service. Des gens seront dégagés, mais qui? Pas de réponse. D’autres seront déplacés dans d’autres services (et rédactions régionales). Qui et où? Pas de réponse.

«Depuis l'annonce de ce plan de restructuration/redéploiement, on est dans l'incertitude, dans le flou le plus complet. Et plus on avance, moins ça devient clair, se désole un membre du personnel. On espérait que le conseil d'entreprise de ce matin allait enfin nous permettre d'y voir plus clair et ce n'est pas du tout le cas. On a l'impression qu'en face de nous, la direction a son idée bien précise et que ça ne sert à rien de négocier.»

Depuis le 23 octobre, le personnel a pris l’option de ne pas se laisser déborder par l’émotion légitime provoquée par un licenciement aussi massif. Il a privilégié une approche d’information et d’explication envers ses lecteurs qui, inévitablement, subiront aussi les effets d’une restructuration dont on voit mal comment elle pourrait leur apporter plus avec moins de moyens.

«Mais dites-moi dans quelle autre entreprise le personnel ne débraye pas quand il apprend qu'on vire un quart du personnel?!», s'emporte un employé. La colère s'installe. Mais raison est gardée une fois de plus. Une fois encore le personnel a décidé de donner l'occasion aux membres de la direction de revenir avec une nouvelle présentation. Qui sera forcément amère – personne n'est dupe – mais qui pourrait au moins être «buvable», espère-t-il.

«Mais si rien ne bouge d'ici lundi midi, si la direction ne dépose pas un projet crédible et ne revoit pas à la baisse le nombre d'équivalents temps plein dont elle veut se séparer, on va devoir hausser le ton, explique un journaliste. Jusqu'ici, nous sommes restés très pros, très patients. Mais visiblement, Jos Donvil, le CEO, et Stéphane Moreau, le président du CA, s'en moquent. Il y a des travailleurs qui n'en peuvent plus de cette violence, de se faire traiter de personnes non rentables. Nos lecteurs comprendront. Ils nous soutiennent depuis le début

«Le personnel reste mobilisé, c'est indéniable, note un ancien de la maison. Mais une grande tristesse s'installe, avec beaucoup de fatigue car ce combat est tellement énergivore! J'ai vu des collègues pleurer, d'autres s'enlacer pour se réconforter. Ne pas savoir, c'est le plus dur et le plus cruel. Alors qu'on pourrait mettre toute cette énergie au service du lecteur. Quel gâchis!»

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