«Lignes de vie»: des migrants se racontent
Sur le chemin de l’exil, ils se sont posés un temps à Belgrade. À l’initiative du Collectif Citoyens Solidaires, un livre retrace leur trajectoire de vie.
Publié le 04-10-2018 à 06h00
:focal(888.5x639:898.5x629)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/YZOHVCS2XFEQ5EPYL77Y5YUE6I.jpg)
Quand, au plus fort de la guerre en Syrie, des premiers convois de migrants sont arrivés dans l’ancienne caserne de Belgrade, reconvertie par la Croix-Rouge en centre d’accueil, des Namurois étaient là pour les recevoir, distribuer des vêtements, des jouets pour les enfants, adresser des messages de bienvenue et accompagner les migrants dans leurs premières démarches d’intégration.
Bien vite, un Collectif Citoyens Solidaires Namurois s'est structuré. Composé uniquement de bénévoles, il s'est donné pour vocation de susciter des moments d'échange entre leurs membres et les migrants en séjour au centre de Belgrade. «L'objectif, raconte Xavier Istasse, c'était de construire des ponts, plutôt qu'ériger des murs entre les migrants et la population locale.»
Au fil des mois, le Collectif a multiplié les initiatives: déjeuners rencontres, cours de français, constitution d’une bibliothèque, collecte de vêtements et de meubles pour constituer des «kits de démarrage», création d’un atelier vélo pour faciliter les déplacements des migrants en dehors du centre…
Alors que la fermeture du centre de Belgrade a été annoncée (puis postposée), le Collectif, plutôt que de baisser les bras, a décidé d’étendre son action aux centres de Natoye et Yvoir.
Un regard sur notre société
Dernière initiative en date: la création d’un livre, avec la collaboration des migrants. Édité sous les presses de Nuance 4 par les Éditions namuroises et richement illustré par des dessinateurs bénévoles, cet ouvrage dévoile, au fil des pages une diversité de portraits de migrants, hommes, femmes et enfants: ils parlent de leur chemin d’exil, de leur vie en Belgique, de leurs espoirs, ils confient leur regard tantôt critique, tantôt amusé ou étonné sur notre société.
Ces témoignages ont été croisés avec le ressenti de quelques bénévoles du Collectif et enrichis par du contenu pédagogique. Car le livre se veut aussi et avant tout un outil destiné à aider le Collectif à diffuser son message de tolérance, en particuliers vers les jeunes et le public scolaire.
«La rencontre est le meilleur antidote à l'intolérance, conclut Xavier Istasse. Ce livre renferme des témoignages intéressants à partager. Je suis convaincu qu'ils peuvent désamorcer les intolérances et les incompréhensions. La haine vient d'abord de la méconnaissance. Souvent, on entend dire: pourquoi ils ne rentrent pas chez eux? Mais chez eux, c'est souvent un champ de ruines. Après la sortie des livres de Francken ou Zémour ou la réédition de Mein Kampf, on se rend compte que la société est de plus en plus clivée entre des gens bienveillants et les tenants d'une politique de rejet, à relents fascistes.»
Lignes de vie. Des migrants et des citoyens se rencontrent. 120 p, 12€ (3€ dans le cadre d’une action scolaire.) 120 p.