À Cognelée, les vestiges d’une base de zeppelins
Entre Cognelée et Daussoulx dorment les vestiges d’une base de zeppelins construite en 1914 par les Allemands. Dans le cadre des Journées du Patrimoine, Christophe Liégeois va la ressusciter le temps d’une exposition.
Publié le 04-09-2018 à 06h00
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Au bout du chemin, la clôture qui délimite le champ est chargée d'histoire. «Regardez ce piquet, s'enthousiasme Christophe Liégeois. Il s'agissait d'un élément de l'armature d'un des trois hangars qui abritaient des zeppelins pendant la Grande Guerre. En fait, les agriculteurs ont en quelque sorte préservé ce patrimoine en en recyclant des éléments.»
Au gré du vent, ces engins, parfois qualifiés de pirates ou de Léviathan par les Français, allaient bombarder des villes en France, jusqu'en Grande-Bretagne, traversant la Manche pour y semer la mort. Un siècle plus tard, il faut pénétrer dans le bois pour découvrir les traces de cet aérodrome un peu particulier, qui a occupé, au plus fort de la guerre, plus de 450 soldats. «Le bois correspond plus ou moins aux dimensions du hangar», explique Christophe Liégeois.
Les hangars étaient impressionnants, d’une longueur de 200 m, équipés de grandes portes coulissantes sur rails, pour sortir les zeppelins d’un côté ou de l’autre en fonction des vents dominants. Les zeppelins étaient eux-mêmes posés sur des chariots sur rails.
«Les faire atterrir, c’était parfois périlleux. Il est arrivé qu’une rafale de vent rabatte un zeppelin sur le sol. L’enveloppe s’était détachée de la nacelle et avait continué à rouler dans le champ. En catastrophe, les Allemands s’étaient précipités dans les maisons voisines pour éteindre tous les feux.»
Une ligne de chemin de fer avait été construite à la hâte pour approvisionner la base en munitions et hydrogène.
De ces hangars, il ne reste que les fondations, perdues dans le taillis. On repère à intervalle régulier des plots carrés en béton sur lesquels s'arrimait la structure métallique. «C'était en principe du provisoire, explique Christophe Liégeois. On devait pouvoir les démonter facilement pour les déplacer au gré de l'avancée des troupes». C'est pourquoi ils ont été conçus sous la forme d'un astucieux Meccano. La construction n'a pris que quelques mois.
À côté des hangars, il y avait une cantine, des bunkers à munition et le fort de Cognelée a été réutilisé pour y établir un poste d’observation. L’ensemble s’étalait sur 60 hectares.
Pour les Journées du patrimoine, Christophe Liégeois bénéficiera de l’appui de Mélodie Brassinne et de la cellule «centenaire» de la Province de Namur, pour la présentation d’une exposition de documents et photos sur bâches, dans la clairière à l’orée du bois. À intervalle régulier, des visites guidées sur site seront organisées. Une initiative qui n’aurait pu voir le jour sans la collaboration de la famille Gérard, propriétaire des terres, souligne Christophe Liégeois.
Rue du Fort de Cognelée sam et dim, 10 à 17 h. Visites sam à 14 h 30, 16 h; dim à 11 h, 14 h 30 et 16 h.