La maison administrative, thème de deux campagnes
La maison administrative provinciale, un projet à 25 millions d’euros, s’invite dans la campagne électorale communale, à Namur.
Publié le 23-08-2018 à 06h00
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/77CKEUVQF5DN7D3HPLIGNZTIEY.jpg)
Conférence de presse commune, ce mercredi. D’un côté, des édiles namurois: le bourgmestre Prévot (cdH), les échevines Scailquin (cdH) et Grandchamps (Écolo). De l’autre (les deux groupes se sont naturellement séparés): le patron du gouvernement provincial Van Espen (MR) et la députée provinciale Lazaron (cdH).
Il n’empêche, on se retrouve entre Namurois, et pas seulement en tant que représentants de deux institutions distinctes. Même si, y compris visuellement, chacun a pris le soin de rester dans son coin.
Le sujet de cette communication: le permis octroyé pour construire une maison administrative provinciale, dans le quartier de Salzinnes. Un chapitre de l’argumentaire contenu dans ce permis, rédigé par l’administration wallonne, ennuie les politiques de la Ville. En collège, ils avaient rendu un avis positif pour ce projet, tout en le conditionnant à des investissements de mobilité à Salzinnes, à charge du demandeur. La Province va y concentrer 500 fonctionnaires. Ce n’est pas rien, compte tenu de l’engorgement déjà bien réel de cette partie de la cité.
Ennuyant, ce permis
L’une des conditions principales, sinon la plus importante, était de construire un passage sous la voie de chemin de fer en direction de l’avenue Woitrin, afin de permettre l’entrée et la sortie directe des véhicules. Un «in and out» facile pour le complexe provincial. Sinon, toute la circulation se concentrera au «carrefour de l’abbaye». Mais voilà, en octroyant le permis, les fonctionnaires wallons de l’Urbanisme, ont estimé que ce chantier serait disproportionné, par rapport aux enjeux de mobilité à Salzinnes.
Ennuyée, la Ville de Namur aurait pu introduire un recours contre le permis, auprès du ministre wallon compétent. Venant d’elle, ce recours aurait été suspensif. Contrairement à des réclamations venant de particuliers ou d’associations (un recours a normalement été déposé, par le collectif «Salzinnes Demain»).
La Ville de Namur avait l’opportunité de mettre halte-là, tout de suite. Mais, justifie Maxime Prévot lors de cette conférence de presse, un recours, cela ressemble à un coup de poker. Le ministre se prononcera sur base de l’analyse de fonctionnaires, dont on sait dans quel sens ils se sont déjà prononcés.
Pas au bout du tunnel
C’est assez unique dans les annales locales, le collège des bourgmestre et échevins namurois, une fois le permis délivré, a préféré négocier avec le collège provincial. En vue d’obtenir un accord officiel: la Province s’est engagée à construire le passage sous voies. C’était ça, ou le recours.
Dixit le député président de la Province de Namur, Jean-Marc Van Espen, les négociations avec Infrabel avancent. Car c’est le gestionnaire des infrastructures ferroviaires, qui devra introduire le permis pour le fameux tunnel. La facture, ce sera pour la Province. À combien s’élèvera-t-elle? À un maximum d’un million d’euros, calcule-t-on du côté provincial. On n’est plus à un million près.
Les membres du gouvernement de la Province de Namur le rappellent: à ce stade, il ne s'agit plus de discuter de l'opportunité de ce projet: «Le débat est terminé», tranche Jean-Marc Van Espen.
Le bourgmestre Prévot, lui, ne veut surtout pas entrer dans ce débat: il le dit, il le répète, il le martèle: «Il ne faut surtout pas imaginer que la Ville serait co-promoteur du projet, nous ne nous prononçons pas sur son opportunité. On avait un rôle d'avis, point. Notre seul souci, c'est son intégration dans le quartier, et les enjeux de mobilité».
Mais rien à faire, si la nécessité d’un tel investissement s’est invitée dans la campagne provinciale, il est difficile de faire comme s’il existait un rempart étanche entre la Ville et l’autre institution.
Comment en serait-il autrement? Le bourgmestre de Namur, lors de cette conférence de presse, a face à lui une députée provinciale, de nouveau candidate à la Province, mais elle est aussi sa colistière sur la liste communale.
Dès lors, dire que la Province c’est la Province, cela revient à faire fi de la réalité du microcosme namurois. Par ailleurs, à part la présence d’Écolo à la Ville, les majorités sont les mêmes, d’un côté comme de l’autre, rassemblant des MR et des cdH.
En résumé, le projet de maison administrative provinciale est délicat pour tout le monde. Tandis que Salzinnes est un quartier qui compte électoralement, à Namur. Les candidats à la Ville n’ont pas l’intention d’inviter le sujet dans la campagne électorale. Mais il s’y invite lui-même.