Des scouts namurois tentent le zéro déchet pour leur camp à Limerlé
L’unité scoute Saint-Louis Citadelle a installé son camp à Limerlé (Gouvy), en province de Luxembourg avec un pari: produire moins de déchets. Voire aucun, si c’est possible.
Publié le 24-07-2018 à 18h00
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Cela leur a demandé pas mal d’organisation, d’anticipation et même un jour de formation mais les chefs éclaireurs de l’unité Saint-Louis Citadelle sont en bonne voie: en six jours, ils n’avaient produit que 650 grammes de déchets alimentaires. Jusqu’au 30 juillet, ils animent une trentaine de jeunes de 12 à 16 ans.
Au programme: construction des bivouacs, jeux de nuits, animations diverses, totémisation, hike et, bien sûr, réduire leur empreinte écologique. Comme huit autres groupes volontaires, l’unité namuroise participe à un projet-pilote porté par l’association Zero Waste Belgium et quatre mouvements de jeunesse (Scouts, Scouts et Guides pluralistes, Patro et Guides). Pour atteindre ce but, les chefs ont été formés aux bases d’une alimentation durable et à la confection de recettes avec le soutien de Fristouille et Terroirist. Lors de cette formation, ils ont fixé eux-mêmes leurs objectifs centrés autour de cinq axes: gestion des déchets, alimentation, matériel, sensibilisation et produits d’entretien.
Après avoir établi des listes et des menus, ils ont acheté des produits en vrac tels que pâtes de blé complet, pois chiches, lentilles, couscous, haricots blancs, graines de tournesol, épices, etc. «C'est tout ce qui représente l'alimentation sèche, qu'on peut acheter à l'avance et qui ne pourrit pas. De plus en plus de magasins vendent en vrac et font des prix pour les scouts», explique Timothé. Le matin, ils préparent ainsi leur granola maison à base de flocons d'avoine, de graines de tournesol, de noisettes et de miel. «On ajoute du gingembre, de la cannelle, du poivre, du sel et de la muscade. On met le tout au four 30 minutes et ça fait du granola», poursuit-il.
Au fil des jours, ils redécouvrent les fruits et les légumes du maraîcher et font vivre la ferme, la boulangerie et la boucherie du coin. «Ils sont super sympas et nous aident notamment pour gérer les quantités». Outre promouvoir la nourriture locale et de saison, réduire l'empreinte écologique passe aussi par d'autres petites choses: limiter la consommation de viande, se débrouiller pour intégrer aux plats du jour des victuailles restantes de la veille, délaisser les contenants en plastique au profit de ceux en verre et faire les courses intelligemment pour éviter des trajets inutiles. À la fin du camp, les chefs feront le bilan et en tireront des leçons pour l'année prochaine.
«C’est pas de la petite frappe»

Pol a une exploitation de 600 bêtes et gère une douzaine de campsrépartis sur ses terres, dont celui des Namurois de Saint-Louis Citadelle. Ce qu'il apprécie particulièrement, c'est le contact humain. «Ça change de l'hiver où on est dans les bâtiments agricoles tout le temps et où on ne voit personne». Disponiblew nuit et jour en cas de problème pour les mouvements de jeunesse qu'il accueille, Pol sait aussi être ferme quand il le faut. «Un jour, un chef a roulé trop vite dans le village et a été violent avec quelqu'un d'ici. Je lui ai laissé deux heures pour faire son sac et partir».
À l'inverse, des villageois avaient importuné des filles lors d'un camp. Il rappelle que le respect doit être mutuel. À part ça, il assure qu'en dix ans, il n'a jamais connu de problème majeur. «Les habitants savent comment je travaille. S'il y a un souci, ils m'appellent directement sans passer par le bourgmestre ou la police et je le règle aussitôt», indique-t-il. Pour accueillir des mouvements de jeunesse, les terrains du Houffalois ont été agréés par la Commune après un avis du Département Nature et Forêts et des pompiers. Une charte concernant les nuisances sonores est d'application.
Quant à la consommation d'alcool, c'est tolérance zéro, en principe. De son côté, Pol a aussi instauré quelques règles. «Ils ont des frigos à leur disposition dans des bâtiments agricoles. Ils savent qu'ils ne peuvent plus y venir au-delà de 22 h pour respecter la quiétude des riverains». S'il avoue «faire parfois un peu la police», il veille constamment à ce que ses protégés ne manquent de rien. «Je leur apporte de l'eau régulièrement. Le premier jour, je leur creuse un trou pour la feuillée et le dernier jour, je leur fournis un bac de terre pour qu'ils rebouchent les trous. Je leur donne également une liste avec des numéros d'urgence utiles ou de commerçants».
Aux riverains qui seraient réfractaires à l'accueil des scouts, il l'affirme: «la jeunesse est encore belle! Ce sont souvent des jeunes responsables. C'est pas de la petite frappe! Ils préparent leur camp, ils s'organisent. La majorité des expériences est positive» Il ajoute que c'est aussi tout bénéfice pour le commerce local. C'est sûr, Pol ne s'arrêtera pas de sitôt.
«La malbouffe, ça fatigue»

Adieu les chips et les crasses! Après quelques jours, les chefs et leurs animés remarquent déjà les bénéfices d'une alimentation plus saine et non transformée. «Nos repas sont plus complets. On tient plus longtemps sans grignoter. C'est là qu'on prend conscience que la malbouffe, ça fatigue!», s'accordent-ils. Les chefs rappellent aussi aux plus jeunes d'où proviennent les produits qu'ils mangent.
Ce qui donne parfois lieu à des réflexions un peu cocasses. «Une fois, un jeune nous a dit: 'D'habitude, il n'y a pas de terre dans ma salade du magasin'. Et bien là ils se rendent compte qu'il reste effectivement parfois de la terre dans la salade du producteur parce qu'elle vient de là. D'autres ne savaient pas ce qu'était une bette. Quant au lait, la vache vient d'être traite quand nous allons le chercher».
S'ils ont privilégié l'alimentaire, les chefs éclaireurs ont aussi axé leur initiative sur la sensibilisation en demandant à leurs animés d'imaginer eux-mêmes des alternatives. Certains ont ainsi fabriqué des biscuits-maison, qu'ils ont mis dans des contenants durables, ou élaboré du dentifrice-maison. Olivier, 15 ans, totémisé «Chamois», nous a confié sa recette: «Je mets du bicarbonate de soude, de l'argile verte, des gouttes d'huile essentielle, de la menthe et du citron».
Pas super-convaincu au départ, il se prend finalement au jeu. «C'est en partant d'initiatives locales à petite échelle comme celles-là qu'on arrivera à un résultat plus global», sourit Victor, un des chefs.