La MAP ne roule pas pour tout le monde
Le collectif Salzinnes Demain s’est fendu d’une note de dix pages qui souligne les impacts de la future maison administrative provinciale sur la mobilité.
- Publié le 30-05-2018 à 06h00
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La récente missive signée par le collectif citoyen Salzinnes Demain est sans appel: le projet de Maison administrative provinciale – dont le coût est évalué à 22 millions€ – n’est pas adapté au quartier. Le comité de riverains a joint un argumentaire de 10 pages à l’enquête publique qui s’est clôturée dernièrement (NDLR le 14/5). Ce qui coince, selon lui, c’est l’impact de la future MAP, et des 500 agents provinciaux qui y prendront place à l’horizon 2020, sur la mobilité.
Actuellement, le faubourg de Salzinnes n'est pas réputé pour la fluidité de son trafic, notamment aux heures de pointe. Une problématique que viendrait renforcer l'implantation des nouvelles infrastructures provinciales à cette entrée de Namur, la plus fréquentée selon le collectif. «Dans le dossier, l'analyse qui est faite ne tient pas compte de ce qui existe déjà dans le quartier, notamment l'école qui draine déjà pas mal de circulation», précise Benoît Derue pour le collectif Salzinnes Demain. Ni des grands projets qui doivent encore venir: une maison de repos, le nouvel immeuble du Foyer Jambois, etc.
Transitec, double casquette?
«On regrette qu'à l'heure où, dans plusieurs projets, l'on prône la participation et la concertation en amont, celui-ci ait été présenté comme déjà ficelé», dit le groupement citoyen.
D'autant que la mobilité salzinnoise fait actuellement l'objet de tables rondes, avec en point mire la réalisation d'un nouveau plan communal en la matière. «Dans le dialogue, ajoute Benoît Derue. Nous sommes des experts de ce que l'on vit.»
Pas la même expertise donc que Transitec, le bureau d'étude indépendant spécialisé dans les problématiques de mobilité avec qui, à cette occasion, Salzinnes Demain collabore étroitement. Mais qui, selon eux, n'aurait pas œuvré en toute transparence dans le dossier de la maison administrative. «Transitec a deux casquettes, précise les riverains engagés. D'un côté, ils mènent une étude pour la Ville et de l'autre, une expertise pour la Province. Ils auraient dû s'abstenir.»
Quid des autres bâtiments?
Actuellement, 60% des effectifs provinciaux sont déjà basés à Salzinnes, répartis en divers endroits. Ce qui a fait dire aux autorités concernées, lors d'une rencontre publique organisée en janvier dernier, qu'il fallait relativiser l'imprégnation automobile sur le faubourg après regroupement. «Mais qu'adviendra-t-il des bâtiments qui seront laissés vides? s'interroge Benoît Derue. Ils seront vendus et de nouvelles activités, de nouveaux logements s'y développeront. Avec de nouvelles répercussions sur le trafic.»
La note déposée par le collectif à l’occasion de l’enquête publique n’est pas un pamphlet. Salzinnes Demain y vante ainsi les prouesses architecturales du projet. De quoi apporter de la nuance: il ne s’agit pas de torpiller à tout prix la MAP mais bien d’en redéfinir certains contours afin que cette dernière soit plus en phase avec les réalités riveraines. Le collectif compte d’ailleurs obtenir le soutien de la Ville de Namur, qui, comme le veut la procédure, remettra prochainement un avis consultatif sur le dossier.
Un premier coup de sonde indique que cela devrait être le cas (lire ci contre).

La Ville appuiera les citoyens
En bout de course, c’est la Région qui tranchera et qui remettra ou pas, le permis nécessaire à la concrétisation de la maison administrative provinciale.
Avant cette ultime étape, la Ville de Namur remettra son avis sur le dossier. Une prise de position qui, si elle n’est que consultative, peut s’avérer déterminante. D’autant qu’elle fera d’office des déçus: soit les camarades politiques (MR et cdH) aux manettes provinciales, soit les riverains? Manque de pot pour le Province: le contexte électoral n’est pas propice aux choix impopulaires. Et à Namur, Salzinnes constitue un important réservoir d’électeurs.
Si le collège ne s'est pas encore réuni pour débattre de la question, Maxime Prévot annonce d'ores et déjà la couleur: il ira dans le sens de ses administrés. «On a mis la Province au parfum, dit-il. On suggérera une série de charges urbanistiques pour répondre aux doléances des citoyens.» Si les élus communaux préciseront prochainement les tenants et aboutissants des balises qu'ils voudraient voir intégrées au projet, le mayeur anticipe: il évoque la réalisation de trottoirs, la réfection de voiries ou encore le placement de feux. «En espérant que ces recommandations soient suivies», précise-t-il.
Outre ces charges d'urbanisme, le bourgmestre espère contraindre la Province à entreprendre des aménagements qui «rendront le quartier respirable», explique-t-il. Et d'ajouter: «Il s'agit de créer un tunnel pour voitures côté rue Woitrin. Ce qui permettrait d'avoir deux entrées/sorties et d'éviter ainsi que tout passe par la seule rue Bodart. Ce serait une condition à l'octroi du permis.»
Le genre d’amendement au dossier qui alourdirait la facture provinciale d’au moins 2 millions€.