Lonzée: un observatoire dans une culture, une première en Europe
À Lonzée, une station d’observation des flux de gaz à effet de serre vient d’être certifiée par l’ICOS et inaugurée par ses chercheurs.
Publié le 29-03-2018 à 00h01
Grâce à cette machine, il est possible de calculer l’émission de CO2 dans l’atmosphère et plus généralement, celle des gaz à effet de serre. C’est dans un champ à Lonzée que l’observatoire a été installé. L’endroit est particulièrement intéressant car la station se trouve au milieu d’une culture en rotation (froment, betterave et pomme de terre). Une culture qui représente bien le territoire wallon car la terre est fertile et située sur le plateau de Hesbaye.
En Belgique, on compte six stations de ce type. Trois en Flandre, dont une située sur une bouée en mer du nord et une autre installée sur un navire. En Wallonie, on en compte également trois, représentant des écosystèmes différents: la plus ancienne se trouve à Vielsalm, dans une forêt mature, belle représentation du paysage ardennais. La deuxième est celle de Lonzée, au milieu d’une culture et la dernière est basée à Dorinne, dans une prairie.
Certifié en 2017
La première station de Wallonie, certifiée en novembre 2017, est celle de Lonzée et ce n’est pas sans l’aide de ses chercheurs. En effet, l’observatoire a d’abord été expérimental et dédié principalement à la faculté Agro-Bio Tech de Gembloux. Le projet était supervisé par Marc Aubinet, professeur de physique spécialisé dans les gaz à effet de serre réputé comme excellent chercheur.
Ensuite, la station s'est intégrée au sein du réseau européen ICOS (Integrated Carbon Observation System), ce qui lui a permis plusieurs améliorations. Premièrement, le budget, car la Wallonie s'engage à financer la station ces vingt prochaines années. Deuxièmement, ce financement prolongé assure donc une observation plus pérenne et donc, plus efficace. Et enfin, suite à une volonté de l'ICOS de standardiser toutes les stations européennes, celles-ci vont désormais avoir le même protocole de recherche, ce qui permettra d'identifier les émissions et les puits de carbone à l'échelle européenne. «L'observatoire permet également de combiner la rechercher et l'enseignement, car le projet est partenaire de l'ULG, faculté Agro-Bio Tech de Gembloux.» explique Bernard Heinesch, le coordinateur du réseau ICOS en Wallonie et enseignant chercheur à l'Université de Gembloux.
Comment ça fonctionne?
Pour calculer l’émission des gaz à effet de serre, il y a deux approches: une approche de stocks et une approche par flux. Tandis que l’approche de stocks fonctionne avec des échantillons relevés dans le sol tous les dix ans, l’approche par flux fonctionne à l’image d’une boite, qui calcule tout ce qui entre et tout ce qui sort. Les stations sont construites de manière à faire cohabiter ces deux approches. La principale technique utilisée: la connivence de turbulences.
Le terme peut paraître compliqué mais le fonctionnement peut être comparé à un électrocardiogramme qui calcule les respirations humaines. En effet, en 30 minutes, 30 données sont échangées (une donnée correspondant à une valeur d’échange de CO2) et ce, 365 jours par an et 24 h sur 24. Chercheurs mais aussi climatologues, physiciens et agronomes se chargent donc de calculer et d’observer ces interactions entre le sol, les cultures mais aussi avec le vent. Une mesure est effectuée dans l’air pour calculer la vitesse du vent et en même temps, la concentration de gaz grâce aux 70 capteurs que contient la station. Tout un organisme essentiel pour la prédiction et l’atténuation des changements climatiques.