«Les industriels salissent notre travail»
François, Pierreet Guillaume… Trois agriculteurs qui, hier, suite au scandale Veviba, ont participé à un barbecue devant le parlement. Leur cible: le secteur industriel.
Publié le 15-03-2018 à 06h00
Mercredi midi. Devant le parlement wallon, une centaine d’agriculteurs «manifestent» suite au scandale Veviba. L’atmosphère est clairement à l’inquiétude, même si l’air s’emplit d’une bonne senteur de viande grillée s’échappant de deux barbecues. Y cuisent de grosses pièces n’attendant que d’être découpées et distribuées aux passants. Une opération séduction orchestrée par les fédérations représentant le secteur (*)…
«Le but c'est de redorer l'image de la viande, confirme François Gillet, employé d'une ferme de Marche-en-Famenne. Entre les campagnes contre la consommation de viande – du type "Quarante jours sans viande" – et toutes les polémiques qu'il y a au niveau du bien-être animal, ce n'est pas facile pour nous. Je pense qu'il faut plus de transparence au niveau des industries. Notamment au niveau économique parce qu'entre le prix d'achat et le prix de vente, il y a des montants qui passent on ne sait où.»
«À chaque fois, c’est une trahison»
À les écouter, beaucoup d’agriculteurs se sentent désemparés. La situation est d’autant plus problématique que c’est déjà le second scandale alimentaire qui touche le monde de l’élevage en un an.
«Il y a d'abord eu les œufs au fipronil et puis maintenant ça, s'exclame Pierre Vromman agriculteur à Genappe. À chaque fois c'est une trahison. Nous, en tant qu'agriculteurs, on fournit des bêtes de qualité, tracées depuis la naissance. Et une fois que les industriels les récupèrent, ça dégénère. Ils salissent notre boulot.»
«Deux poids, deux mesures»
Mais alors, quelle alternative aux grandes entreprises? Pour Guillaume Fastré, agriculteur à Assesse, si le consommateur perd confiance dans les producteurs de viandes, c’est à cause du manque de contrôle des groupes industriels.
«Il y a deux poids, deux mesures, s'insurge Guillaume. Nous, petits agriculteurs, sommes très contrôlés. De l'autre, les industries le sont largement moins. Les systèmes industriels sont nocifs pour l'agriculture. Il faut revenir a des entreprises à taille humaine et récupérer la confiance du consommateur. Confiance que nous avons perdue à cause des récents scandales.»
Pour toutes ces raisons, la FWA s'est alliée avec d'autres syndicats du nord du pays pour se porter partie civile lors d'un procès. «Ce qu'on aimerait c'est que Verbist ne puisse plus jamais être sur le marché de la viande» explique Pierre Vromman.
(*) Fédération Wallonne de l’Agriculture, Union des Agricultrices Wallonnes et Fédérations des Jeunes Agriculteurs.