Entraide Sida a pignon sur les Brasseurs
Namur Entraide Sida a de nouveaux locaux. Face à l’enfer des drogues, elle soutient désormais les patients fragilisés dans la rue des Brasseurs.
Publié le 08-03-2018 à 06h00
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Disponibles sur des présentoirs, les plaquettes d'informations faisant l'inventaire des maladies sexuellement transmissibles, en dialogue avec une affiche au mur dédiée à l'anatomie des drogues, feraient frémir le moindre des malades imaginaires. Tous aux abris, en chaste compagnie? «Mais non, n'exagérons rien, rassure le Dr Catherine Louesse, il faut juste le savoir, faire attention…»
Nous sommes derrière les grandes vitrines de l'Echange, nouveau siège de l'ASBL Namur Entraide Sida, au 25 de la rue des Brasseurs. Y sautent aux yeux tous les dangers guettant l'humain en appétit de sensations et d'apesanteur, qui ajoutent de la misère au malheur d'être pauvre, mal-né, largué, sans papier etc.
Heureusement, pour tous ces gens, une équipe de travailleurs sociaux a gardé une lampe allumée au cœur de Namur. Ils y arrivent en mode «post-coïtum animal tristum», ou en «post bad trip», en proie à l’angoisse du risque qui a été pris, à un mal-être indéfini, à des symptômes persistants.
L'arrivée de l'ASBL dans la rue des Brasseurs est passée moins inaperçue que celle d'un chocolatier ou d'un restaurateur. «Un problème de mixité sociale» a soulevé pudiquement la présidente de l'association, Viviane Fréson. Les voisins qui sont de commerce ont craint le télescopage de leur image soignée avec celle d'une faune anonyme, dévastée par la précarité et détruite par l'addiction aux hallucinogènes et psychotropes illicites. Ça a coincé au début. Ça va mieux de ce côté-là. La pacification est annoncée. Tout le monde est invité à entrer dans cette synergie de l'apaisement des esprits et du respect de la mixité sociale.
Le rez-de-chaussée de cette bâtisse qui menaçait ruine a été restauré et loué à l’ASBL par le Foyer namurois, comme l’a rappelé son directeur Thomas Thaels.
L'arrivée de l'Echange dans le quartier des Brasseurs est le fruit d'une action collective essentielle. «Le dynamisme d'une ville se jauge à sa capacité à se montrer solidaire et à inclure une hétérogénéité de publics» a souligné Noëlle Darimont, coordinatrice du Relais social urbain namurois. Dans ce dernier œuvre une trentaine de partenaires publics et privés, au profit de personnes ayant été confrontées plus durement que d'autres à l'adversité, ou disposant de moins de ressources pour y faire face. La coordinatrice ne veut pas d'une responsabilisation des pauvres et des sans-domicile-fixe par rapport à leurs souffrances. «C'est de ta faute, active-toi si tu veux t'en sortir…» Et Noëlle Darimont, dans un contexte qui se durcit, où l'empathie recule, d'appeler tout le monde à soutenir plus que jamais un service tel que Namur Entraide Sida, cette porte d'entrée à bas seuil d'exigence pour les usagers des drogues.
La présidente a salué la présence d'une pionnière, le Dr Monique Vassart, mobilisée dès 1990 à la tête de l'association pour tenir sous la loupe l'évolution de la maladie du SIDA et offrir un espace de parole et de dépistage aux porteurs du redoutable VIH. «Nous persistons à emprunter ces premiers pas accomplis dès 1990 , pour les allonger et les amplifier» a conclu Viviane Fréson.
Trente ans plus tard, le SIDA, quoi que toujours mortel, s’est banalisé. Il a été rejoint par une nébuleuse d’autres infections graves.
Namur Entraide Sida ASBL, L’Echange, Rue des Brasseurs 25, 081/64 00 95 ; 0477/17 64 53