Vincent Pagé: et le quotidien déraille
Vincent Pagé réussitson retour en scène. «Tronches de vie», le nouveau solo du Namurois, est promis à un bel avenir.
Publié le 18-10-2016 à 06h00
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«Pfiou! Eh ben voilà, elle est faite!» Heureux et soulagé, Vincent Pagé, à l'issue de la première de son nouveau spectacle, jeudi dernier au Théâtre Jardin Passion. Soulagé parce que la pression était forte, mine de rien. L'attente des spectateurs était évidente: les premières dates ont été si vite sold out qu'il a fallu en ajouter de nouvelles à Namur, mais aussi à Ciney. Heureux car la première s'est déroulée magnifiquement, devant un public unanimement plié en quatre, écrasant même une petite larme d'hilarité sur les meilleurs moments.
Les Tronches de vie brossées par Vincent Pagé peuplent une dizaine de tableaux, qui nous emmènent derrière les champs stériles d'un bloc opératoire, sous les lumières criardes de la fête foraine ou dans les coulisses de l'économie ubérisée. L'art de Pagé est de faire dérailler le quotidien. Il s'appuie sur des situations banales vécues par tous – impossible donc de ne pas embarquer dans l'histoire – et les propulse dans une autre dimension, avec le surréalisme pour abscisse et l'absurde pour ordonnée. Des fonctionnaires surentraînés à la confection de cartes d'identité taquinent le chrono dans les couloirs de l'administration, des restaurateurs chinois torturent les serveurs qui méconnaissent les numéros du menu et les préposés de parcs à conteneurs se muent en dictateurs féroces et sans pitié.
Le même en mieux
La forme se situe aux confins du stand-up (Vincent Pagé raconte ses aventures) et du sketch plus traditionnel (il interprète les personnages de ses histoires). Le Namurois alterne les registres avec brio et dès la première, il domine son texte et son jeu. Un accent, un regard, une attitude corporelle, et les tronches sont là, pleinement croquées en un éclair.
Les spectateurs conquis au gré des 170 représentations de son précédent one-man (C'est ma tournée, au sujet de son métier de facteur) ne seront pas dépaysés. Ils retrouveront un Vincent Pagé souvent décapant, mais toujours bienveillant. Un Vincent Pagé upgradé, aussi: on l'a trouvé plus précis, plus efficace, plus percutant. C'est que le bougre s'est bien entouré, pour ce retour en solo: Xavier Diskeuve à la coécriture et à la production, Christophe Challe à la mise en scène et Harry Charlier à la régie. Une fine équipe qui a de quoi, elle aussi, être heureuse et soulagée.
Le 29 novembre à Ciney (083 21 65 65 culture@ciney.be), le 2 décembre à Meux (spectacle-meux@yahoo.com), le 14 janvier à Gelbressée (0492 70 04 69), le 28 janvier à Auvelais, le 17 mars à Mazy (0478 46 065), le 21 avril (081 45 13 46 info@centreculturelfloreffe.be)