Nicole Garcia : « Le cinéma a été un sauve-qui-peut »
Nicole Garcia était au FIFF hier pour présenter son film «Mal de pierres » avec Marion Cotillard. Rencontre avec une dame à la vertigineuse carrière.
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Publié le 04-10-2016 à 06h00
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Derrière ses lunettes rondes teintées, son petit air à la Nathalie Baye, Nicole Garcia arrive au foyer du théâtre de Namur. Il est 14 h 45 lorsque la dame qui a tourné pour Bertrand Tavernier, Alain Resnais, Claude Sautet ou encore Claude Lelouch nous reçoit pour évoquer sa dernière réalisation: Mal de pierres. Un film de deux heures (sublime, mais souffrant de certaines longueurs) adapté du roman de Milena Agus. Un long-métrage qui prend place après la seconde guerre mondiale et qui raconte la quête d'une femme mariée souhaitant trouver l'amour absolu.
Nicole Garcia, c’est la première fois que vous venez à Namur?
Non, mais par contre impossible de vous dire pour quels films je suis déjà venue…
Marion Cotillard incarne l’épouse tiraillée qu’on croit folle dans le film…
Lorsque j’ai lu le livre, j’ai pensé que le rôle était fait pour elle. Pour moi, Marion avait en elle tout ce qu’est Gabrielle…
Il y a beaucoup de scènes intimes. Une doublure a été nécessaire?
Non. Marion joue tout. Il y a une dimension du rôle qui passe par le corps. Gabrielle est à la fois charnelle, animale, sexuée et très réservée. Il y a de la violence dans son désir d’être vue, lue par un homme.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le roman?
C’est cette femme qui dit haut et fort quel est l’objet de sa quête, la «chose principale», et qui veut donner un sens à sa vie. J’avais envie avec ce film d’aborder la beauté de la folie.
Vous êtes attirée par les personnages complexes, comme dans l’Adversaire?
Ça m’attire, c’est vrai. J’aime les personnages qui ont une certaine violence et une certaine complexité à la fois.
Vous vous retrouvez dans ces personnages?
Pour moi, le cinéma en tant qu’actrice et metteur en scène a été un sauve-qui-peut. Cela m’a permis d’aller au-delà d’une vie qui ne me convenait pas à un moment donné…
Vous avez toujours voulu jouer?
Dès 13 ans, j’ai voulu être actrice. Je venais d’un milieu ou la culture n’avait pas sa place. J’ai eu envie de partir sur une voie parallèle qu’est la fiction. Je crois en la vertu réparatrice de l’imagination.
Vous avez joué avec de Funès…
Arrêtez avec ça. C'est une prise qui a pris 15 minutes. J'apparais quelques secondes dans Le gendarme se marie. Quarante ans plus tard, on me le sort encore…
Vous avez toujours rêvé de passer derrière la caméra?
Non, c'est un court-métrage de famille que j'avais monté qui m'a révélé ce qu'était vraiment le cinéma. Je pense que c'est aussi Mon oncle d'Amérique, d'Alain Resnais qui m'a donné envie de réaliser. C'est un travail titanesque, crevant. Mal de pierres c'est un boulot de plus de deux ans. L'adaptation a été très difficile à écrire.
Et si vous deviez choisir?
Même si j’ai toujours eu besoin d’être regardée, de séduire, je pense bizarrement que la mise en scène parle mieux de moi car je suis un peu tous les rôles à la fois.
Vous acceptez l’âge qui avance?
C’est toujours une déchirure quand on se voit à l’écran à 30 ans. C’est souvent une blessure narcissique…
Qu’est-ce qu’il vous manque encore aujourd’hui?
Je voudrais vivre mieux, prendre plus souvent de vraies vacances. Accepter de ne rien faire. J’aime lire, voyager, j’aime le plaisir que donnent les yeux.