Cortil: les cancers et les pesticides interpellent
L’alerte donnée par une riveraine sur les cas de cancers à Cortil et leur lien éventuel avec les pratiques agricoles suscite des réactions politiques.
Publié le 11-03-2016 à 07h35
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Dans nos éditions de mercredi, nous relayions les inquiétudes d'une Fernelmontoise qui, dans son village, à Cortil, a relevé un nombre interpellant de cancers: elle a recensé neuf cas sur douze habitations dans sa rue. Un chiffre qui l'amène à questionner les pratiques d'agriculture intensive dans la région et en particulier dans le périmètre immédiat de son quartier. L'usage des pesticides pourrait-il être la cause de ces maladies graves?
Cette situation et les questions qu'elle pose ont été évoquées hier au parlement wallon. La députée socialiste Christie Morreale en a interpellé le ministre de l'agriculture René Collin (cdH), lui demandant notamment quelles sont les procédures de contrôles des produits phytosanitaires et si les agriculteurs sont formés à leur utilisation: «Le ministre semble me confirmer que les habitants peuvent solliciter des contrôles et des prélèvements de la police de l'environnement. Il me dit aussi que les fournisseurs de produits sont formés, mais qu'en est-il des agriculteurs qui sont les utilisateurs?» La députée s'interroge aussi sur les distances minimales à respecter pour les pulvérisations par rapport aux habitations: «On parle de six mètres par rapport aux plans d'eau, mais quid des maisons, des écoles et autres lieux habités?»
La semaine prochaine, Christie Morraele va présenter au gouvernement une proposition de résolution visant à l'interdiction des pesticides aux néonicotinoïdes en particulier, tant pour l'usage privé qu'agricole: «Ils sont nuisibles pour les abeilles et la biodiversité, mais posent aussi des problèmes pour la santé humaine.»
Les chiffres de cancers évoqués à Cortil ont aussi fait réagir Stéphane Hazée, député écolo. Il a déposé une question écrite au ministre de la Santé Maxime Prévot. Sa demande: que soit lancée rapidement une étude épidémiologique afin de procéder à un relevé exhaustif des maladies graves dans la localité.
Un comité d’accompagnement pourrait être créé
Au niveau local, le conseiller communal Étienne Piette propose également la création d’un comité d’accompagnement associant des médecins et notamment les généralistes de l’entité, des riverains et les autorités locales.
Tout comme le PS, les Verts replacent cette information dans le contexte général du débat sur l'utilisation des pesticides: «Au moment où le Gouvernement fédéral s'apprête, de façon incompréhensible, à soutenir le renouvellement de l'autorisation pour quinze ans du glysophate, il faut à l'inverse tout mettre en œuvre pour combattre les maladies environnementales et tous les phénomènes de pollution qui portent atteinte à la santé de nos concitoyens, notamment via l'usage intensif de pesticides ou de désherbants chimiques, par exemple, en interdisant le Round-up» écrit Stéphane Hazée.