Stigman, pères et manque

Le Namurois François Borgers, alias Stigman, publie «Fathers», un deuxième album sur le thème de la filiation, entre ombre et lumière.

Alexandre Debatty
Stigman, pères et manque
Stigman album Fathers ©Photo Olivier Calicis

En fait, le deuxième album de Stigman ne devait pas être celui-là. Le projet initial a été bouleversé par de pénibles circonstances. «J'étais dans la préparation d'un nouvel album lorsque mon père est décédé, explique Stigman, né François Borgers. Cet événement s'est imposé à moi dans l'écriture et l'album est devenu Fathers – le mot est au pluriel car je suis moi-même papa. J'y explore la relation filiale en m'adressant à mon père, à ma fille, à ma femme. Le résultat final est contrasté, avec des côtés sombres et d'autres plus lumineux.»

Fathers est un disque singulier, authentique et sans compromission. Un album à l'esthétique lo-fi bercé de mélancolie et d'espoir, dominé par une guitare rugueuse, une voix à fleur de peau et des beats organiques. De ces disques qui s'apprivoisent à la réécoute, qui dévoilent leurs secrets aux oreilles les plus attentives. À l'immédiateté, Stigman préfère nettement la profondeur de champ.

Stigman est un projet éminemment personnel, l'œuvre d'un seul homme. François Borgers écrit les textes, compose les musiques, joue toutes les parties, enregistre et produit lui-même, à Salzinnes. «Je fais tout à la maison, avec le matériel disponible, sur six ou sept pistes maximum, dit-il. J'enregistre dans différentes pièces et j'obtiens au final un son à moi. Je ne pourrais pas faire les choses autrement.»

Une guitare, des pédales

Ce n'est pas une posture individualiste, ce n'est pas une question d'ego. La démarche artistique est si intime qu'une intervention extérieure en fausserait la justesse. «Je me vois un peu comme un écrivain, dit François Borgers. Mes chansons sont comme un journal intime où je raconte ce que je vis, où j'en suis dans l'existence. Je cherche à retranscrire en musique les émotions que je traverse, à rendre concrets ces sentiments abstraits afin de les transmettre.»

Formé à la guitare classique aux Ateliers d'art contemporain de Liège et touché au cœur par le rock du Velvet Underground entre autres, François Borgers a donné naissance à Stigman en 2010. Il a donné à son double le nom du héros d'À la merci d'un courant violent, roman d'Henry Roth. La littérature et le cinéma nourrissent le musicien comme son projet. Broken Skins, l'album de 2013 samplait des films de Tarkovsky et de Bergman.

Sur scène, Stigman s’est par le passé produit avec un groupe. Aujourd’hui, en cohérence avec sa manière, il joue seul avec sa guitare et quelques pédales au pied, pour les boucles et les effets électroniques. Sur l’écran derrière lui, des images filmées par ses soins, tout près d’ici ou au bout du monde. Deux occasions d’apprécier le spectacle à Namur prochainement: Stigman sera en concert le 11 décembre au Point Culture et le 27 février au Young Guts Festival, à la Maison de la culture.

L’album est disponible à Namur chez Juke Box et Lido Music, par mail à stigman9@gmail.com et en écoute libre et téléchargement sur http://stigman.bandcamp.comwww.stigman.be

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