La retraite de Grouchy, via Namur
Napoléon, et Victor Hugo plus tard, l’ont dit: en n’arrivant jamais à Waterloo, Grouchy fut un des responsablesde la défaite française. Mais le maréchal réussitune retraite honorable, de Wavre à Givet, via Namur.
Publié le 04-06-2015 à 06h00
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On a tant écrit, depuis deux siècles, sur le périple foireux de Grouchy, envoyé par Napoléon à la poursuite de Blücher dans les heures qui suivent la victoire de Ligny. Parti trop tard, faisant une trop longue halte chez un notaire de Walhain pour savourer des fraises, s’entêtant à marcher sur Wavre alors que le son du canon devait le faire obliquer vers l’ouest, il ne rattrape jamais le gros de l’armée prussienne.
Le 19 juin, quand il apprend la nouvelle de la défaite, Grouchy est toujours près de Wavre. Il renonce à attaquer les arrières des ennemis et décide de ramener son armée en France, par Namur et Givet. Il divise ses troupes en deux colonnes. L’une, commandée par Vandamme, ira par Tourinnes et Grand-Leez; l’autre, dirigée par Grouchy lui-même, gagnera Namur par Gembloux et Temploux.
La journée du 19 se déroule sans heurts, l’ennemi semblant les oublier. Grouchy bivouaque à Temploux, les hommes de Vandamme à Rhisnes. Le 20, les Français tardent à démarrer; voici que les Prussiens les rejoignent. Des combats ont lieu au château du Boquet, à Temploux, à la Falize, à Flawinne.
C’est alors la course contre la montre. Les Français réussissent à gagner la ville de Namur, à y faire entrer le gros des troupes, en ce compris le convoi de blessés, tandis que d’autres retardent les Prussiens.
Derrière les murailles branlantes
Il faut savoir qu’à l’époque, la ceinture de remparts qui protège la ville est en fort mauvais état, n’ayant plus été entretenue depuis des décennies. La protection qu’ils assurent est donc toute relative. Embusqués derrière ces murailles branlantes, de la porte de Bruxelles à la porte de Fer, les Français résistent pourtant, repoussant de leurs salves les assauts successifs des Prussiens, dont beaucoup s’avancent, ivres, vers les barricades.
Dans les rues de la ville, la population namuroise manifeste une grande sympathie envers ces soldats qui défilent en bon ordre, malgré le grand nombre d’éclopés. La troupe traverse ainsi la ville, puis sort par la porte de La Plante pour s’engager, sans encombre, dans la vallée de la Meuse, vers Dinant et Givet. Les Prussiens renonceront à les poursuivre davantage. Et la façon dont Grouchy réussit à dégager son armée et la ramener au pays est considérée comme une victoire française, sauvant l’honneur de celui qui la commanda.
30.000 hommes
Au moment de la retraite, l'armée Grouchy compte 30 000 hommes, qui n'ont pas participé à la bataille de Waterloo et qu'il convient de faire rentrer en France.Les Prussiens, quant à eux, disposent de 11 800 fantassins, qui n'ont pas non plus été engagés à Waterloo et qui rejoignent Grouchy aux portes de Namur.Dans cet assaut infructueux, les Allemands laisseront sur le terrain 44 officiers et 1 272 hommes.À l'emplacement de l'ancienne porte de Bruxelles, une plaque commémore ces combats.