« L.E.A.R. » : problème de transmission
Six comédiens élégants accueillent le public dans un salon cosy. L’apéro est sur la table basse, le divan en cuir matelassé est d’une taille démesurée.
Publié le 11-10-2013 à 06h00
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Ils racontent et jouent l’histoire de Lear, ce père séparé de ses filles par l’orgueil au moment de transmettre son empire. Ils alternent l’incarnation des personnages et la narration distanciée des événements. C’est ardent, rapide, malin. Le jeu est brillant.
Cette première moitié du spectacle s'inspire des deux premiers actes du Roi Lear de Shakespeare. Le Lear qu'interprète Philippe Grand'Henry dans cette adaptation contemporaine d'Antoine Laubin et Thomas Depryck est un homme d'aujourd'hui, proche d'un Gainsbarre dépravé, bitu et grossier, entouré de bikers et de travelos. Bouleversement en seconde partie. Le décor éclate, occupe le plateau en profondeur. Les comédiens ne sont plus dans Shakespeare mais dans le commentaire de la pièce qui s'est jouée, dans l'analyse des interactions qu'ils viennent de quitter. Entre deux bouchées d'Aïki Noodles, le micro à la main, ils s'interpellent par leurs vrais prénoms, partagent souvenirs et expériences personnelles en lien avec les thèmes du pouvoir, de la paternité, de la transmission.
Un kaléidoscope d'interrogations vivifiantes qu'alimente aussi la parole d'autrui, glissée en douce dans la bouche des comédiens. On y reconnaît le discours de défaite de Nicolas Sarkozy, celui de l'abdication d'Albert II ou un extrait déchirant du Dernier stade de la soif de Fred Exley.
A.Deb.
«L.E.A.R.», ces vendredi11 et samedi 12 octobre à 19h45 au Grand Manège, à Namur. 081/226 026 www.theatredenamur.be