« Mon beau-père m’a violée »
De deux choses l’une. Il est un violeur dangereux. Ou elle une mythomane. Débat douloureux devant le tribunal.
Publié le 16-11-2012 à 07h00
Le ministère public requiert à son encontre cinq ans de prison, sans s’opposer toutefois à un sursis probatoire. Le réquisitoire n’est pas léger, comme ne le sont pas les préventions à charge de ce Jambois de 38 ans, père de deux enfants et poursuivi pour des faits de viol sur une mineure qui, aux débuts des faits présumés, n’avait pas encore 14 ans.
Il est le beau-frère de cette jeune femme qui s’est assise sur le banc de la partie civile, à côté de son père. Le prévenu l’aurait violée à plusieurs reprises, dans la maison, lors d’un déménagement, même en situation de confrontation avec un DVD adulte. Et Me Holvoet, le conseil de la jeune dame, de narrer brièvement quel parcours personnel difficile elle a traversé, elle qui n’était qu’une adolescente en fleur: rébellion contre les parents, fugues à répétition, placements en institutions puis en IPPJ… Symptomatique, dit le plaideur, d’une personne traumatisée dans son devenir sexuel.
À quelques pas, devant les trois mêmes juges, son agresseur présumé est lui aussi présent. Libre: il n’a jamais été incarcéré. Il est toujours entouré par son épouse, la sœur de la plaignante, qui croit dur comme fer en son innocence. Et épaulé par un avocat, Me Marchal, qui va distiller le doute au fil de la matinée, dans un dossier délicat dans la souffrance, mais peu clair dans la réalité des faits.
Deux versions
Tout commence par la dénonciation. La jeune adolescente se livre à des camarades de classe. Nous sommes en 1992.
«Mon beau-père m'a violée…», raconte-t-elle à deux camarades. Les mots sortent. Jusqu'à l'institutrice, qui va douter. Parce que la jeune fille dit beaucoup de choses, explique l'avocat de la défense. Parce qu'on est proche du fantasme. Elle dira qu'elle est victime, mais que ses sœurs le sont aussi. Elle évoquera Dutroux. Elle parlera d'un incident non sexuel où elle aurait été victime d 'un accident de moto, jamais vérifié.
Deux versions s’affrontent. Celle de monsieur, qui nie tout en bloc, celle de la victime présumée. Monsieur a été confronté au test polygraphe, dans un local bruxellois, pendant près de quatre heures, et reconnu comme menteur, ensuite privé de liberté sur injonction du substitut du procureur du roi. Mais il nie tout aujourd’hui, après avoir pourtant déposé des aveux complets.
Le tribunal s’inquiète de cette contradiction. Dans le dossier répressif, d’autres éléments donnent éléments à questionnement. Comme des déclarations qui posent question. Un acte de viol qui aurait été diligenté devant les enfants de la famille du violeur présumé.
Jugement le 13décembre.