« Le numérique va relancer l’intérêt pour la lecture »
Dans « L’orage », publié par ONLiT BOOKS, Jacques Mercier met en scène un homme qui se débarrasse de sa bibliothèque.
- Publié le 03-03-2012 à 07h00
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Comment s’est passée votre « rencontre » avec le livre électronique ?
C’est Jean-Luc Fonck qui m’a soufflé l’idée que nos livres en format papier disparaissent, (et deviennent souvent introuvables par défaut d’éditeur, de succès,etc.), alors que de cette manière ils prennent place dans une sorte de bibliothèque infinie, accessible à tous, et… qu’ainsi nous devenons en quelque sorte « immortels » !
Comment vous situez-vous par apport à lui, à la fois comme lecteur et comme auteur ?
J’en suis devenu un inconditionnel: le soir dans mon lit, c’est beaucoup plus pratique et ma lampe de chevet éteinte, je ne dérange personne. J’apprécie la liberté d’agrandir, de mettre un fond sépia,etc., ou de pouvoir emporter autant de livres en vacances, en voyage, pour lire dans le train. Pour le moment, je ne vois pas trop de choses que je n’aime pas… Évidemment, j’aime toujours aussi fort le papier, les reliures, le côté bel objet du livre ancien.
Comme auteur, j’apprécie de pouvoir, par exemple, faire des corrections qui s’appliquent très vite. Les lecteurs peuvent recharger gratuitement les versions corrigées et mises à jour successives. Je suis passé sans problème du porte-plume fin et rouge de l’école au stylo, puis à la machine à écrire, puis l''écran d’ordinateur. Tant qu’on évolue, on ne vieillit pas et on ne meurt pas. Je pense que nous sommes à l’aube de l’intérêt pour ce nouveau véhicule. J’aime cette réflexion lue à ce propos: « En changeant de flacon, l’ivresse des mots restera tout de même ».
« L’orage » est une commande d’ONLiT ?
Oui, et j’ai accepté d’emblée parce que j’étais occupé d’écrire sur ce sujet et que le roman pouvait (devait) être court. J’ai donc retravaillé ce texte. ONLiT a fait un vrai travail d’éditeur: corrections, suggestions,etc. C’est le 7° de mes livres publiés en numérique, les précédents sont chez LiBook. Mon écriture sans doute est-elle en mutation aussi, mais elle l’est depuis que j’écris sur écran (y compris mes poèmes…). D’ailleurs, je pense que le numérique pourrait être une vraie résurrection pour la poésie !
Votre héros parle d’un nouveau plaisir de lecture, il a l’impression que les mots sont rajeunis. Mais quid de l’objet livre lui-même ? Du toucher ? De l’odeur (dont il parle) ? Des souvenirs liés au livre, des annotations.
En effet, cela ne remplace pas, mais complète. Comme d’avoir deux voitures différentes, mais pas pour les mêmes trajets. Les sensations peuvent être différentes… Je me souviens très bien de l’action de moudre mon café avec une manivelle et un petit tiroir, c’était magique. Mais j’aime aussi l’arôme du Nespresso !
Comptez-vous continuer à écrire sur les deux supports ?
Oui, d’ailleurs j’ai des commandes en cours (enfin, des projets acceptés avec un éditeur), un sur le chocolat et un polar, et j’ai rendez-vous avec un autre éditeur pour un projet de livre nouveau, un dico sans doute, autour de la langue… Je pense que l’arrivée du numérique va relancer autrement l’intérêt pour la lecture.
« L’Orage » en livre-papier ne vous manque pas ?
Non, non, je trouve ça très excitant à vivre ! Même si on peut l’imaginer plus tard, mais cela ne me manque pas du tout ! Le statut du livre lui-même a changé, je pense. Il existe encore des objets séduisants en papier, et il reste symboliquement très important ; mais il est aussi devenu courant, familier.¦ M.P.