"Chaque soir, je prie pour qu'il ne ferme pas la gueule"
Karah Khavak est dompteur de reptiles depuis plus de 60 ans. Reconnu internationalement, il sera présent dès ce vendredi soir à Namur à l'occasion du festival du cirque. L'occasion pour nous de faire connaissance avec un véritable phénomène.
Publié le 28-10-2011 à 17h00
Il sera sans aucun doute l'attraction principale de ce festival du cirque 2011,Karah Khavak,Luwig Locka de son vrai nom,parle aux alligators depuis l'âge de 3 ans.
Chaque soir, il se donne en spectacle aux côtés de ceux qui partagent la même roulotte que lui et qu'il dénomme"ses amis de tous les jours": des crocodiles de 2 à 4 mètres de long.
Indonésie, Afrique du Sud, Japon, Europe,...Karah Khavak a un carnet de route bien rempli depuis le temps qu'il fait ce métier:plus de 60 ans.Il était en répétitionce vendredi sous le chapiteau planté pour dix jours (du 28octobre au 6 novembre)sur l'Esplanade dela Citadelle de Namur.
L'occasion pour nous de faufilernotrecaméra dansles coulisses du cirque et defaire connaissance avecce curieux personnage:
Karah Khavak: charmeur d'alligators
« Je pensais que mon alligator était musulman et qu'il n'aimait pas le cochon. Cela ne l'a pas empêché de me manger un doigt… »
La passion innée pour les reptiles de Luwig Locka lui a donc coûté son majeur de la main gauche. « Mais c'était de ma faute. En le nourrissant, j'ai laissé tomber une patte de poulet dans son bain. Et j'ai voulu la rattraper… » Vraiment pas une bonne idée.
À quelques heures de la dernière répétition, assis sur les marches de son étonnant camion-piscine garé sur l'esplanade de la citadelle, ce dresseur de reptiles rebaptisé Karah Khavak pour la scène, avoue encore avoir le trac.
Pourtant ce fascinant personnage en a vu d'autres, dans cette vie de cirque et de spectacles qui l'a aussi amené sur la scène du Moulin Rouge. « Je me battais avec quatre ou cinq crocodiles dans un aquarium géant », sourit Ludwig. Un combat rien que pour le show parce que ce Hongrois d'origine entretient une étonnante complicité avec ses alligators. « Ce sont mes collègues de travail », rigole-t-il. Des camarades parmi lesquels on retrouve Donald qui, avec ses trois mètres et ses deux cents kilos, n'a rien du petit canard de Disney.« Ils sont habitués à ma voix et à mon odeur », assure Ludwig Locka. « Tous sont nés chez moi. »
Bibi, Speedy, Donald… ont tous une bonne trentaine d'années. « Ils ont la même espérance de vie qu'un homme »,continue le dompteur.« Et ils ont chacun un caractère bien particulier. Si je dois aller sur un plateau de télé, je vais avec Speedy, c'est le plus calme… Mais je connais les gestes et les attitudes à avoir pour les calmer, les hypnotiser »
Toute cette semaine, pour le plus grand frisson des spectateurs namurois, Ludwig n'hésitera pas à mettre sa tête dans la gueule de l'alligator. « S'il referme ses mâchoires, il est impossible de les rouvrir. Mais ça n'arrivera pas »,conclut-il avec la même énergie que ses protégés, quand s'annonce l'heure du déjeuner.
Samuel Husquin