Les Sorbiers, à Hastière, premier hôtel wallon qui reçoit un écolabel européen (vidéo)
L’écolabel européen récompense le mode de gestion du domaine des Sorbiers, à Heer (Hastière). Les Sorbiers est le premier hôtel de Wallonie à le recevoir et le deuxième en Belgique.
- Publié le 31-05-2023 à 17h20
- Mis à jour le 31-05-2023 à 17h30
On n’obtient pas facilement l’écolabel européen pour de l’horeca. Précédemment, en Belgique, seul un hôtel de Bruges pouvait s’en targuer. Il est rejoint par les Sorbiers, à Heer-sur-Meuse. Un domaine de 17 hectares, comprenant une île privée sur le fleuve, exceptionnellement beau. Avec de l’offre hôtelière, un restaurant, mais aussi des espaces de séminaires et un gîte, pouvant aussi servir à des classes vertes. Il a été racheté par le groupe “Nouvelle Hôtellerie” en 2019, des mutualités y proposant auparavant du tourisme social.
Notre reportage vidéo en tête de cet article.

320 actionnaires, pas de dividendes
Il a fallu convaincre un jury indépendant de la gestion écologiquement mais aussi humainement responsable des lieux. Les deux sont liés. C’était d’autant plus naturel pour une entreprise vraiment pas comme les autres. Elle a été créée en 1994 par cinq amis. Ils se sont unis pour racheter un vieil hôtel au Crotoy, en baie de Somme (France) : les Tourelles. En 1997, ils ont investi dans les Alpes suisses, transformant un ancien bâtiment de téléphérique en hébergement très original. Puis il y a eu les Sorbiers. Toujours le même but, explique le directeur financier du groupe, Haroun Atila : cibler des endroits “Waow”. Mais pas dans un but spéculatif. Aujourd’hui, il y a plus de 300 actionnaires, aucun ne pouvant posséder plus de 3 % de parts. En 29 ans, personne n’a touché de dividende, et ça va continuer. On réinvestit, comme aux Sorbiers.
Les Tourelles, l’hôtel du Crotoy, et le relais alpin Plein ciel étaient déjà écolabellisés. Les Sorbiers le sont désormais.

L’éthique, à tous les niveaux
Il a fallu convaincre un jury indépendant et glaner des points sur 67 critères. Comme la politique énergétique. Auparavant, les Sorbiers consommaient 70 000 litres de mazout par an. Aujourd’hui, ils sont alimentés par une unité fonctionnant à la biomasse. Les jardins : aucun produit chimique, des prés fleuris, une mare, des ruches, un potager, une microbrasserie.
Tout est l’avenant : les intrants pour le restaurant sont largement locaux et de saison. On trie les déchets, mais on les pèse aussi : ici, pas de portions de sucre individuelles. Etc.
Un an de travail pour obtenir cet écolabel, qui sous-entend également une gestion “sociale”. Le directeur du site, Maxime Ramé, souligne qu’ici, on place haut les balises de respect du personnel, par exemple en évitant au maximum les services coupés. Dans l’horeca, c’est plutôt rare. Cela fait partie du concept : du boulot qui a du sens, un ratio de maximum trois fois et demie de différence entre le plus bas et le plus haut salaire. Ou comment appliquer la transition écologique (mais pas uniquement) à une économie touristique vertueuse.

La barre toujours plus haut
La volonté, c’est d’aller toujours plus loin : Nouvelle Hôtellerie a créé son propre label, Transitiô, elle veut y embarquer des partenaires, dans la région et en Wallonie, avant de monter une ASBL internationale pour le promouvoir.
Vis-à-vis de la clientèle, il ne s’agit pas d’être “écolo-chiant”. Mais on l’informe de la manière de travailler. Cette dernière se retrouve dans les moindres détails, du box à vélos à la proposition de navette pour amener les touristes depuis les gares de la région. Venir ici sans bagnole, c’est encore mieux.
Le résultat : un havre de sérénité, en se permettant le luxe de certains investissements non rentables, comme l’accueil d’artistes qui reçoivent le gîte, le couvert et une rémunération contre des prestations. Les actionnaires qui participent à la gestion, eux, ont des mandats non rémunérés. C’est assez révolutionnaire. Et enthousiasmant, par les temps qui courent.