Serres urbaines : une solution de production locale étudiée à la faculté Gembloux Agro-Bio Tech
La faculté de Gembloux Agro-Bio Tech entame la construction d’une serre pilote sur le toit du centre de recherche Terra. Un projet à la croisée d’enjeux environnementaux et économiques.
Publié le 14-07-2021 à 12h48
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Alors qu’en Wallonie la demande de produits locaux supplante largement l’offre disponible, une solution d’avenir est étudiée à la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech. Sur le toit des bâtiments du centre de recherche Terra, la construction d’une serre pilote de 200 m2 a commencé. Celle-ci permettra, outre l’organisation de visites éducatives, d’éprouver un mode de production local particulièrement adapté au milieu urbain.
En effet, ces serres de nouvelle génération, plus performantes, peuvent valoriser les déperditions de chaleur des bâtiments sur lesquels elles sont installées. «Il y a plusieurs cas de figure. Sur des bâtiments anciens peu isolés, la chaleur passe à travers la toiture et réchauffe légèrement la serre, par exemple. Mais une autre façon de faire consiste à récupérer directement les chaleurs perdues du bâtiment. C'est d'ailleurs vers ça que l'on se dirige», explique le Pr Haïssam Jijakli, fondateur du C-RAU (Centre de recherches en agriculture urbaine) et coordinateur du projet à Gembloux Agro-Bio Tech ULiège.
Déperditions
Inauguré en 2017, le bâtiment Terra est très bien isolé. Néanmoins, les dispositifs utilisés pour maintenir certains laboratoires à température constante dégagent une énergie qui aujourd'hui se perd dans l'atmosphère. «L'idée, c'est de la récupérer et de la réinjecter dans la serre.» L'intérêt est environnemental, mais également économique. En réduisant, les besoins en énergie de la serre, les coûts de production sont considérablement réduits.
Un sérieux argument qui pourrait pousser le développement de tels dispositifs sur des toitures de surface importante, comme celles des entreprises et autres immeubles de bureau. Dans l'attente d'une démocratisation de ce genre de solution, leur coût d'installation reste relativement important. Toutefois, une localisation en milieu urbain ouvre la porte à des business models créatifs. «Développer une offre qui n'est pas seulement centrée sur la production, mais aussi sur les services, avec des activités de loisir et pédagogique, permet des rentrées financières diversifiées, par exemple», indique le Pr Haïssam Jijakli.
Reste cependant un sérieux frein, celui du poids que la toiture est capable de soutenir. Mais là encore, des solutions existent. «Sous une serre, on peut bien évidemment cultiver dans des bacs remplis de substrat terreux, mais cela peut peser plusieurs centaines de kilos. On peut aussi se diriger vers l'hydroponie. Ce qui est bien plus léger.» Dans ce cas, les racines des plantes trempent dans de l'eau riche en nutriments, qui coule dans des gouttières. Un dispositif de plus en plus simple à mettre en œuvre grâce à l'automatisation. Tomates, salades, aubergines, épinards ou encore plantes aromatiques sont particulièrement adaptés à ce type de culture.
Projet européen
La réalisation de la serre gembloutoise, qui sera en fonction d'ici l'automne prochain, s'inscrit dans le cadre du projet Serr'ure (Serre urbaine basse énergie). Celui-ci n'est autre que le maillon belge du projet Interreg Groof (Greenhouses to Reduce CO2 on Roofs), lancé en 2018, et auquel participent également des chercheurs Français, Allemands ou Espagnols. «Le fait de multiplier ce genre de projets de part et d'autre des frontières va permettre de confronter des demandes de consommateurs et des types de production différents, souligne le Pr Haïssam Jijakli. De plus, il y a toujours à apprendre du modèle de chacun, de ce qui a fonctionné ou pas. Dans ce secteur en développement, les connaissances générées par des partenaires d'horizons et d'expertises complémentaires ont d'autant plus de sens.»
C’est d’ailleurs dans cet esprit que ces experts proposent des coachings auprès des entrepreneurs qui ont installé une serre sur le toit de leurs locaux, afin d’en optimaliser le rendement.
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