Un seul responsable de la mortalité ?
L’utilisation abusive des pesticides n’est pas seule responsable de la mortalité. Une thèse qui ne plaît pas à tout le monde…
Publié le 05-06-2013 à 06h00
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A-t-on été un peu vite en besogne en condamnant l'agriculture et son utilisation de pesticides? Si on entend les experts mondiaux, rassemblés hier lors d'un colloque scientifique à l'Agro-bio tech de Gembloux (ULg), il serait faux de n'aborder que cet aspect pour justifier la mortalité des abeilles. «Les véritables causes sont liées à deux problèmes, estime Éric Haubruge, vice-recteur. Les apiculteurs sont soumis à des agents invisibles. Ils ne comprennent pas ce qui se passe dans leurs ruches. C'est lié aux pesticides, aux virus, aux parasites. La communication entre les différentes communautés est capitale. En Belgique, sur 10 000 apiculteurs, seuls 3 000 sont officiellement enregistrés. Deux tiers sont donc livrés à eux-mêmes.»
«Il ne faut pas se focaliser sur un seul facteur, insiste Kim Nguyen, ingénieur à la faculté. Il faut faire le point sur l'ensemble des inconnues. Il faut travailler sur trois points: les pesticides, les pathologies et l'environnement alimentaire.»
Le particulier doit aussi se montrer plus respectueux de son environnement. «Cette pelouse bien tondue nous prive de biodiversité.» D'autant plus que les jardiniers occasionnels surdosent trop souvent leurs traitements de pesticide. «Un particulier peut vider un flacon pour tuer des pucerons, simplement parce qu'il n'est pas bien renseigné.»
Marie-Pierre Chauzat, experte française, estime que «c'est se tirer une balle dans le pied en ne se focalisant que sur les pesticides. Dans les années 90 jusqu'en 2005, on se faisait bananer'lorsqu'on évoquait d'autres facteurs.» Certains experts français ont ainsi été mis sous pression lorsqu'ils évoquaient la mortalité des abeilles par d'autres facteurs que les pesticides. «Il était impossible de défendre cette idée sereinement dans les médias.» Il était de bon ton de batailler uniquement contre les industries chimiques sans remettre en cause, par exemple, le travail des apiculteurs. «La population d'apiculteurs a vieilli. Et, en 40 ans, beaucoup de choses ont changé. C'était plus calme et apaisant de pointer les pesticides.»
E. H.